Jean Parvulesco
Edité par Arjuna
Illustration: Triskelion
Dans son fameux livre La spirale prophétique (éditions Trédaniel, 1986), l’ésotériste français Jean Parvulesco (né 1929) livre ses vues sur Savitri Devi et sur certains sujets connexes.
« Les chefs qui ont mené, ou qui mèneront quelque phase de l’éternelle lutte ‘contre le Temps’ après le point-limite où un dernier grand redressement aurait encore été possible – après la ‘vingt-cinquième heure’ – n’ont pu et ne pourront rien laisser derrière eux dans ce monde visible et tangible, à part une poignée de disciples clandestins », écrit, assez mystérieusement, Savitri Dêvi Mukherji dans son livre Souvenirs et Réflexions, publié en 1976 à New Delhi.
Pour nous autres nationalistes-révolutionnaires européens, ce livre venu d’ailleurs est, cependant, d’une importance extrême. Si, comme le disait V.I. Lénine, il n’y a pas d’actions authentiquement révolutionnaires sans une doctrine révolutionnaire d’avant-garde, les souvenirs et les réflexions de Savitri Dêvi Mukherji portent la recherche doctrinale nationaliste-révolutionnaire actuelle à sa pointe la plus avancée, tout en lui fournissant une armature dialectique et politico-stratégique décisive.
Aussi n’y a-t-il de tâche doctrinale plus urgente, pour ceux d’entre nous qui savent où se situe, aujourd’hui, le vrai combat, que celle de l’appropriation avertie, et poursuivie très en profondeur, de la pensée visionnaire de Savitri Dêvi Mukherji qui, dans la mesure même où elle parvient à placer sans cesse le combat nationaliste-révolutionnaire dans sa direction traditionnelle ultime et la plus juste, en fait une instance d’appel et de mobilisation cosmogonique et théurgique immédiates, une arme de combat aux pouvoirs redoutablement orientés. Mais ce sera sans doute aussi ce qu’on lui reprochera le plus. En effet. « On nous reproche, écrit-elle, notre nostalgie militante du temps où l’ordre visible du monde reflétait fidèlement l’ordre éternel, l’ordre divin, on nous reproche notre combat pour le rétablissement, à quelque prix que ce soit, du règne des valeurs éternelles, notre combat à contre-courant du temps ».
Sous quel angle d’entendement faut-il donc approcher la pensée de Savitri Dêvi Mukherji pour en saisir toute la claire et ardente lumière intérieure, sa vraie parole de vie agissante et salvatrice ? Quelles sont les positions doctrinales et les thèses activistes d’avant-garde qui s’en dégagent, et dont il nous faut nous emparer d’urgence ?
Il est dit de science certaine qu’à la fin d’un cycle spirituellement et historiquement révolu, la mémoire ensoleillée de ses origines ontologiques, de sa nativité virginale doit émerger encore une fois, une dernière fois au jour de la conscience éveillée. Une dernière fois avant que tout ne vienne à s’engouffrer dans la dissolution, avant que l’ultime, que le suprême Ragna Rökk n’installe le règne de ses ténèbres glacées : aussi la fulguration antérieure crépusculaire de ce bref retour aux temps de la gloire antérieure reste-t-elle le signe le plus avancé de l’imminence de la grande catastrophe finale. De par son avènement même, elle avertit que les temps sont prêts.
(…)
Tout le dit : le troisième millénaire qui vient rassemblera en exaltant ce que les deux millénaires précédents ont séparé en obscurcissant, et c’est l’unité d’au-delà des abîmes de la fin qui brisera la fatalité obscure de notre longue décadence historique.
Aussi, dans les années terribles qui viennent, la part la plus vivante et la seule réellement agissante des nations et des cultures européennes actuelles, leur frange nationaliste-révolutionnaire de pointe, va devoir se tourner, tragiquement, et comme de plus en plus subversivement, vers le foyer occulte de leurs origines trans-historiques communes, vers la lumière du printemps indo-européen d’avant la grande séparation.
Or, cette lumière-là, c’est l’Inde qui, aujourd’hui, en a secrètement la garde, et c’est la raison pour laquelle, cédant à l’irrésistible montée agonique dont elle subit actuellement le flux souterrain, la culture européenne tente de retrouver en hâte les sentiers cachés de ses anciens passages spirituels vers l’Inde (« la passe Nord-Ouest »). (…)
Ainsi se fait-il que dans l’espace actuel de l’héritage géopolitique indo-européen, qui est l’espace intérieur du Grand Continent eurasiatique, le dépassement occidental de la décadence et le retour révolutionnaire à l’être passent par la réintégration politico-historique et culturelle totale des nations de sang, de destinée et de race indo-européenne, et que, de cette réintégration, la pierre de touche ne saurait être que l’émergence d’une nouvelle conscience raciale transhistorique commune aux nations appelées à recouvrer, au-delà d’elles-mêmes, l’unité originaire de la « nation d’avant les nations », afin qu’elles puissent retrouver ainsi, en elles-mêmes, le foyer ardent de la grande race solaire des origines, de la Sûrya-Vamça.
L’Inde, pourtant, n’est pas elle-même la première terre d’origine de la Sûrya-Vamça. Car, dans l’état actuel de nos connaissances, et suivant, aussi, certaines voies de l’enseignement traditionnel que l’on tient toujours pour secrètes, la Sûrya-Vamça doit être considérée comme ayant eu sa patrie première, sa patrie transcendante, dans les contrées hyperboréennes du Grand Nord où, avant que l’axe de la terre ne se fût incliné de 23 degrés, les temps de son histoire propre s’étaient lumineusement dévoilés dans la marche même de son immense brahmachariya cosmogonique. Ainsi, l’Inde, aujourd’hui, pour nous, n’est que la dernière station majeure de notre mémoire la plus ancienne, le lieu de notre dernière mémoire vivante d’avant la grande séparation de l’« âge des ténèbres », du Kâli-Yuga. (…)
Savitri Dêvi Mukherji fait état, à ce sujet, des recherches entreprises par le professeur Bal Gangadhar Tilak (1856-1920), brahmane du Maharashtra, « de la sous-caste de Chitpavan », qui, sous le nom de Lokamanya Tilak, avait publié un ouvrage absolument fondamental, intitulé The Arctic Home in the Vedas (La Patrie Arctique dans les Védas), et qui, par ses seuls efforts, devait réorienter définitivement, au début du XXe siècle, l’éthos profond de la conscience raciale hindoue vers ses origines boréales.
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On se souvient du fait que, en collaboration avec Sri Vinaya Datta et certains autres représentants de l’hindouisme traditionaliste le plus radical, Sri Asit Krishna Mukherji publiait à Calcutta, depuis 1935, un mensuel de combat intitulé The New Mercury. Face au grand mouvement nationaliste-révolutionnaire de Subhas Chandra Bose, de dimensions continentales et ouvertement pro-allemand, mais dont les activités devaient se cantonner exclusivement au niveau de l’action politique directe, le groupe mobilisé autour de Sri Asit Krishna Mukherji maintenait le contact et répercutait sur tout l’ensemble du continent asiatique les « thèses intérieures » des « groupes d’influence spirituelle occulte » qui, en Allemagne, agissaient déjà sous le couvert du pouvoir national-socialiste en place depuis 1933. (…)
On comprendra donc la raison pour laquelle je tiens le témoignage de Savitri Dêvi Mukherji pour une ouverture directe sur les milieux de l’occultisme hitlériste le plus voilé, et même le plus interdit, les milieux de son implantation hindoue et asiatique agissant sur la frontière même de ses grandes années décisives. Tous comptes faits, le témoignage de Savitri Dêvi Mukherji apparaît comme une entaille des plus révélatrices vers les fondations les plus profondes mais aussi les plus invisibles de l’histoire mondiale dans sa marche vers la conclusion que certains pensent pouvoir tenir, désormais, pour tout à fait certaine.
(…) Bien au-delà de toutes les convictions antagonistes en jeu et de tout choix partisan, quel qu’il fût, la contribution qu’apporte le témoignage direct de Savitri Dêvi Mukherji à l’étude de cette zone de problèmes, et aussi limitée qu’elle fût, quand même, cette contribution, pour ce qu’il se pourrait qu’il y ait de tout à fait nouveau, ne laisse de paraître, me semble-t-il, décisive : si mince est la part d’information critique sur ce sujet que tout apport responsable, que toute interprétation nouvelle ou toute instruction contrôlée sur la Face Noire du Troisième Reich hitlérien devient, à l’heure actuelle, un document d’une valeur à proprement parler inestimable.
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D’autres choses resteraient bien à dire, que je ne dirai pas. La terreur intellectuelle de plus en plus obscurantiste, de plus en plus criminelle qu’exercent les tenants du pouvoir politique actuel et leurs abjects ayant-droits sur le domaine de la liberté de l’esprit partout où le Kâli-Yuga étend sa domination subversive interdit désormais que la libre parole d’une civilisation, d’une race, d’un destin historique voués à l’anéantissement, à la sous-histoire et à l’aliénation génétique assistée puisse agir et s’incarner, vivante, dans le discours d’un quelconque combat de libération. Discours que l’on rejette, ainsi, encore une fois et irrémédiablement dans la clandestinité et dans la nuit où se forgent révolutionnairement les grands renouvellements en armes et leurs dramatiques passages à vide, et que nous reprenons, à notre tour, aujourd’hui, comme d’autres l’ont fait avant nous.
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Ainsi se fit-il donc que l’Allemagne hitlérienne rata son coup, et il est très heureux qu’elle l’ait raté ; car il fallait que les choses se passassent ainsi qu’elles se sont passées, et non pas autrement. Pourquoi l’Europe de la Fin aurait-elle dû être une Europe allemande ? L’Europe de la Fin doit être européenne, et le sera. L’Europe de la Fin ne saurait être qu’européenne. Car telle est, à l’heure actuelle, la seule question vraiment et totalement révolutionnaire, la seule question libératrice : au fond d’elles-mêmes, les nations européennes retrouveront-elles, le jour venu, et qui est déjà là, la réalité brûlante de la « nation d’avant les nations », le legs transcendantal de la « nation indo-européenne » de nos origines antérieures ?
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Le rêve de fer de l’irrationalité absolue, rêve « surhumain et inhumain », disait le général de Gaulle, ayant pris fin, une fois pour toutes, dans les ruines noircies de la Chancellerie de Berlin, il reste qu’il nous faut regarder en face, sans broncher, le soleil noir de ce qui nous en vient encore.
(…)
D’autre part, dans ses écrits spirituels et métapolitiques, notre grande, notre très chère Savitri Dêvi Mukherji avait parlé comme personne d’autre n’avait su le faire, en Occident tout au moins, de l’attente limpide et fervente, de l’attente héroïque du Nouveau Sauveur du cycle cosmique aujourd’hui agonisant, le très mystérieux Khalki de la tradition védique la plus ancienne, et c’est par rapport à la figure rayonnante, suprahumaine et divine de Khalki, le « Suprême Sauveur de la Fin » – comparé, par Savitri Dêvi Mukherji, dans un texte de témoignage qui n’a pas fini de nous remplir d’une sombre stupeur, de crainte et de tremblement, au rayonnement ténébreux d’Adolf Hitler – que la voyante métapolitique de Calcutta, épouse française de Sri Asit Krishna Mukherji, avait été un jour, si inspirée. C’est en France que le Suprême Sauveur de la Fin apparaîtra, le Khalki attendu, dans les millénaires, par la cosmologie indienne sacrée. Mais ses pouvoirs lui viendront, et son illumination, de l’Inde, et ces pouvoirs, cette illumination lui seront apportés par une Indienne d’origine européenne, quand les temps seront achevés. Elle sortira alors, elle-même, de la plus grande nuit de l’oubli, d’une amnésie tragique, d’une maladie de mort ayant duré de longues années. Je sais aussi qu’elle viendra du Pays des Hauteurs. Ces paroles de Savitri Dêvi m’ont, depuis, brûlé la vie.
Qu’on le veuille ou non, que la conscience nous en soit clairement donnée ou pas, l’instruction de la zone de problèmes concernant le salut final du monde occidental et de son histoire nous ramène sans cesse à l’Inde.
(La spirale prophétique, 1986, pp. 95-102 et pp. 342-343)
Jean Parvulesco est l’auteur des livres suivants :
La Miséricordieuse Couronne du Tantra, éditions Ethos, 1978
Imperium, éditions Les Autres Mondes, 1980
Traité de la Chasse au Faucon, éditions de l’Herne, Paris 1984
Diane devant la Porte de Memphis, éditions Catena Aurea, 1986
La Spirale prophétique, Trédaniel, 1986
La Servante Portugaise, éditions de l’Age d’Homme, 1987
Le Manteau de Glace, Trédaniel, 1987
Le Soleil rouge de Raymond Abellio, Trédaniel, 1987
India, éditions Style, 1988
Les Mystères de la Villa Atlantis, éditions de l’Age d'Homme, 1990
Journal de l’Ile de Pâques, Praeceptum, 1990
L’Etoile de l’Empire Invisible, Trédaniel, 1994
Le Gué des Louves, Trédaniel, 1995
Les Fondements géopolitique du grand-gaullisme, Trédaniel, 1995
Rapport secret à la Nonciature, Trédaniel, 1995
Le Retour des grands Temps, Trédaniel, 1997
La conspiration des noces polaires, Maisnie Trédaniel, 1998
Un bal masqué à Genève, Trédaniel, 1999
La stratégie des ténèbres, Trédaniel, 2003
Mission secrète à Bagdad, éditions E-Dite, 2004
Vladimir Poutine et l’Eurasie, Les Amis de la Culture Européenne, 2005
Le sentier perdu, éditions Alexipharmaque, 2006
Dans la forêt de Fontainebleau, éditions Alexipharmaque, 2007
Etc. …