Home Life Works Texts Gallery Literature Wish List
News Letters Bookshop Donations Links Mailing List Contact

Lettre à Saint-Loup

Par Savitri Devi

English Translation

Savitri Devi commença probablement à correspondre avec Saint-Loup (né Marc Augier, 1909-1990) après qu'elle soit revenue en France en 1961. Cette correspondance se prolongea jusqu'à la mort de Savitri en 1982. Les Archives Savitri Devi possèdent toutes les lettres de Savitri à Saint-Loup depuis son retour en Inde en 1971 jusqu'à sa mort. Naturellement, nous aimerions aussi acquérir des copies de ses précédentes lettres. La présente lettre a été reproduite dans le livre Rencontres avec Saint-Loup (recueil de petits textes d'auteurs divers, en hommage à Saint-Loup), édité en 1991 par Les Amis de Saint-Loup. Nous remercions Arjuna de la rendre disponible.

—R. G. Fowler


23 September 1967
(2447ème anniversaire de la bataille de Salamine).
Le 26, à 19h30 environ, il y aura 280 ans que le Parthénon,
dont les Turcs avaient fait un dépôt de poudre,
a sauté sous la bombe du Vénitien Francesco Morosini)

Mon cher camarade,

Il est formidable, votre livre Les Nostalgiques ! J’ai commencé à le lire dès réception, c’est-à-dire hier matin, et je viens de le finir aujourd’hui à 13 heures (après avoir passé une partie de la nuit à la lecture). C’est certainement l’une des plus belles fresques littéraires de l’après-guerre. Il n’y a qu’une chose qui y représente l’exagération : c’est le paragraphe écrit à la main, pour moi, sur la première page ; paragraphe beaucoup trop flatteur et qui me fait me sentir toute petite (surtout après avoir relu l’histoire de Jean Benvoar que vous m’avez racontée de vive voix, il y a exactement un an – ou à peu près – sur un banc du jardin Dallard !). C’est Benvoar le saint, pas moi. Benvoar et tous ceux qui, comme lui, ont prouvé qu’ils étaient physiquement aussi bien que moralement au-dessus de l’humanité. Je serais, moi, morte cent fois si le destin m’avait soumise aux épreuves que ceux-là ont subies victorieusement. Que dis-je ? Je serais morte à une température de –54°. Pas +54° toutefois. En 1957-58 environ, étant interprète de chantier en Orissa (dans le Nord-Est de l’Inde) pour le compte de trois ingénieurs allemands (de l’Est, mais dont pas un n’était communiste et dont l’un au moins avait notre foi), j’ai travaillé sans ventilateur dans un hangar, avec une température maximale de +55° à l’ombre et +50° de température courante (avant la saison des pluies). Dans la chambre où je logeais, j’avais un seul ventilateur, +48° ! Cela ne m’incommodait pas, ou presque pas. Alors que le froid (à moins que je sois vêtue de façon à lui tenir tête) m’aurait été insupportable. Et je n’ai jamais connu de froid, au-dessous de –30° (en Allemagne, une année). L’Islande n’a pas de ces températures-là en hiver, au moins dans les régions qu’approche le Gulf-Stream.

J’ai cru vous reconnaître en Gévaudan. Ou me trompai-je ?

Comme j’aime et je comprends Deckerke – celui qui préfère se retirer parmi les lions, plutôt que d’aller se battre sous les ordres d’un nègre barbouillé de technique aryenne. Et se battre pour qui ? Pas pour l’homme aryen – car il n’y a qu’une méthode qui puisse tirer celui-ci de la vallée de l’ombre et de la mort qu’il parcourt depuis des siècles déjà – et cette méthode c’est celle de Gévaudan, celle de l’aristocratie biologique consciente, qui attend en se transmettant – pas pour l’homme aryen, dis-je, mais pour les intérêts, financiers surtout, des maîtres du « monde libre »… Quant à l’Indochine et Dien Bien Phu…

Un jour, je vous raconterai de vive voix la réaction de mes camarades allemands d’Emsdellen (Westphalie) où je me trouvais alors, à la nouvelle – le 8 mai 1954, exactement neuf ans après. Ma réaction à moi a été : « C’est bien fait ! Cela leur fera les pieds à tous ces ex-résistants ». Je préfère encore, et de beaucoup, l’attitude du nostalgique Gil qui parcourt nos lieux saints avec sa Lambretta, avec le sérieux de tous les pèlerins (de moi-même qui suis allée neuf fois déjà à Braunau et des deux Irlandais qui y vont toutes les années pour le 20 avril), à celle de ceux qui vont risquer leur précieux corps et leur vie (irremplaçable) pour se battre contre des anti-hitlériens, certes, mais aux cotés d’autres anti-hitlériens. Vous me direz : les uns sont jaunes et ont les yeux en biais, les autres sont blancs – plus ou moins aryens… Eh bien, moi, entre un anti-hitlérien blanc et un Jaune (ou un Noir), je préfère le Jaune (ou le Noir). Il n’est pas au moins, celui-là, traître à sa race. Et surtout, il n’a pas contribué à l’effondrement de ce qui nous était le plus cher. Je n’ai aucune objection à ce qu’il vive dans sa sphère, à sa place. Avant de combattre son communisme à lui, qui n’est la plupart du temps qu’un nom donné à « son » sens racial en éveil – je combattrai celui des Blancs du monde entier et surtout les autres pestes spirituelles que les Aryens subissent sans se rendre compte qu’elles sont exactement de même nature et qui sont tout aussi nocives : christianisme, humanitarisme, passions de tous les déchets, de toutes les décadences ; superstition du « bonheur » – les forts s’en f… du « bonheur » –, du leur et de celui des autres. Il n’y a pour moi que les bêtes qui aient pleinement le droit d’être « heureuses » : elles n’ont pas, et ne peuvent avoir, elles, d’idéologie ; et ne peuvent donc avoir quelque chose de mieux à faire.

Votre passage sur l’OAS, ce ramassis d’ex-résistants… Excellent ! Bravo ! L’un des passages que j’ai le plus appréciés dans votre livre est celui qui relate les funérailles de De Brix à Johannesburg. Oui, ça c’est beau – c’est ce qui devrait se faire partout. Mais – il y a toujours des « mais » dès qu’on sort du petit cercle des Gévaudan, Le Fauconnier, etc. – mais que diraient ces Blancs ultra-nordiques d’Afrique du Sud si, du sein de l’une de leurs familles, se dressait quelque adolescent écoeuré du christianisme qui leur dise : « Je déteste ce Boniface qui, muni d’un sauf-conduit de Pépin le Bref , alla abattre un beau chêne – sacré en effet comme tout bel être vivant l’est – chez les Saxons. Il a essayé de répandre ses mensonges chez nos ancêtres les Frisons et ceux-ci l’ont tué. C’est bien fait ! Jamais nous n’aurions dû accepter cette religion, produit de la décadence judéo-hellénistique ».

Comment réagirait le Boer si son fils – ou sa fille – lui disait que sa sacro-sainte Bible, il – ou elle – la considère tout au plus comme une collection pittoresque (et souvent atroce) d’histoires de Sémites ? Exactement ce que vous et moi en pensons. Que diraient-ils, ces « racistes » pour qui un dieu personnel a cru bon de choisir des Juifs comme instruments de sa « révélation » ? Pour qui la Bible est le livre sacré ? Ces racistes qui seraient sans doute horrifiés et me considéreraient sans doute comme « traître à l’Europe », si je leur racontais que j’ai passé mes années aux Indes, les meilleures années de ma vie puisque j’y suis allée à vingt-six ans, à combattre les missionnaires et toutes les formes de christianisme, à les déconsidérer aux yeux des « indigènes », à me servir des traditions indigènes (en réalité pas « indigènes » du tout !) contre eux ?

L’Aryen – d’Europe, d’Amérique, d’Afrique du Sud ou d’Australie – ne sera sauvé que lorsqu’il aura définitivement rejeté le christianisme, « expression lui aussi de la tradition primordiale », je veux bien l’admettre avec ses interprètes ésotéristes mais, même dans ce cas-là, expression qui n’est pas faite pour eux. Et l’Aryen d’Iran (qu’il habite la Perse ou l’Inde ; je pense à certains Parsis, aussi blancs que moi ou plus) ne sera sauvé que quand il aura quitté l’islam – s’il est Persan – ou « l’esprit moderne », le « progressisme » hérités du contact avec les Occidentaux – qui va mal avec son mazdéisme traditionnel – s’il est Parsi. Quant à l’Aryen de l’Inde, lui, il lui suffit d’ouvrir son intelligence et de constater que l’effort déployé par Hitler n’est pas autre chose, à soixante siècles de distance, que l’effort de Manu, le législateur, auteur présumé du Manava Dharma Shastra (qu’on pourrait traduire : traité [shastra] de ce qui donne à l’homme son appui [dharma], sa stabilité) pour préserver la pureté des « Aryas » conquérants – des « maîtres » (c’est le sens du mot « Arya » en sanscrit) – au milieu des Dravidiens à peau sombre (alors techniquement plus avancés qu’eux) et des aborigènes, négroïdes ou mongoloïdes, ou hommes du type munda, qui forment encore aujourd’hui la majorité des intouchables de l’Inde – le reste représentant les gens qui, pour une raison ou une autre, ont été rejetés de leur caste (mais voilà, ces aborigènes étaient peut-être deux millions dans toutes l’Inde au quatrième millénaire avant J.C. Ils sont maintenant cent fois plus nombreux…).

J’en viens à l’Inde. Ne croyez ni ce que vous écrit mon amie Mrs. S. – qui, malgré toutes ses nobles qualités et son adhésion sincère à nos idées, reste une « Mémé Sahib » pleine de préjugés en ce qui concerne l’Inde – ni ce que je puis vous écrire moi, qui n’ai jamais été une « Mémé Sahib », mais qui, venue dans l’Inde exprès pour y retrouver la marque des conquérants aryens (et contribuer à y ruiner l’œuvre des missionnaires chrétiens), ai sans doute d’autres préjugés. Allez-y voir vous-même, si possible, avec quelqu’un qui puisse vous introduire aux endroits intéressants. Si possible, allez-y aussi avec un photographe capable de prendre des photos-portraits à peu près parfaites. Et revenez avec un gros livre, grand format, uniquement de photos, sans commentaire : simplement, sous chaque portrait, un nom et une caste… Si le nombre de photos d’Aryens purs est, par rapport aux autres photos, le même que le nombre de vrais Aryens par rapport à celui de la population de l’Inde (Pakistan et Ceylan compris), vous aurez dix photos d’Aryens et quatre cent photos de toutes les variétés possibles de l’espèce humaine, du noble Dravidien – ou du mélange Aryen-Dravidien, car comme le dit Mrs. S., il est indéniable qu’il y en a eu – jusqu’aux types les plus inférieurs que les auteurs des épopées anciennes ont assimilés, soit à des singes, soit à des démons (dans le Ramayana le prince aryen Rama s’allie aux singes [sans doute aux aborigènes], pour s’emparer de la citadelle de Lauka [Ceylan], tenue par un « Rakshasha » [démon], Ravana, qui lui avait ravi sa femme – mais sans jamais avoir pu la toucher car il n’était tout de même pas assez démon pour la prendre contre son gré)...

Dix contre quatre cents. C’est peu sans doute. Mais ces dix photos que vous rapporteriez seraient aussi aryennes que n’importe quelles photos des plus beaux Européens ; plus aryennes que celles de la majorité des Européens. Ces « dix » représentent un effectif vivant d’une quinzaine de millions environ, sur une population globale (Inde, Pakistan, Ceylan) de six cent millions ou plus. Moi, je m’intéresse au sort de ces quinze millions environ qui, au milieu d’une masse étrangère quarante fois plus nombreuse, ont gardé leur sang pur à travers des millénaires grâce à une religion basée sur nos principes éternels :

1°) proclamation de la supériorité de l’Arya ;
2°) justifiant cette priorité par la théorie des renaissances, la race de chaque être étant celle que son âme mérite – a mérité au cours des siècles (Aristote disait déjà que l’âme crée le corps par lequel elle s’exprime)…

Je n’ai jamais soutenu que le national-socialisme pouvait être ravivé à partir de l’Inde. J’ai seulement dit que nulle part, sinon dans l’Inde, ne se retrouve une base religieuse traditionnelle, déjà existante, qui puisse servir de lien entre notre foi, forme moderne de l’éternelle religion de la lumière et de la vie, forme de cette religion adaptée à une société techniquement avancée – et la tradition primordiale. Cette tradition a été brisée en Occident. En Inde, elle s’est maintenue malgré les bouleversements politiques, les périodes de chaos, les invasions, les propagandes de soixante siècles (je retiens la chronologie de Bâl Gangâdhar Tilak).

Dans le volume de la collection « Petite Planète » consacré à l’Inde, écrit par Madeleine Biardeau (qui est loin d’être des nôtres), il est remarqué avec justesse que « nulle part ailleurs qu’en Inde l’auteur n’a autant entendu [à son honneur] exalter la grandeur de l’expérience national-socialiste ou exprimer de l’admiration pour la personne de Hitler ». « Les Allemands », écrit-elle, « se sont entendus féliciter d’êtres des compatriotes ». Et c’est vrai. Et l’auteur a très bien vu que ce n’est pas, que c’est bien plus qu’une expression d’anti-britannisme (si je peux employer ce barbarisme). Que cela tient à la tendance de l’Hindou d’adorer tout ce qui lui paraît démesurément grand, tout ce qui lui semble une « manifestation de la nature » – « sans notions de bien ou de mal », ajoute-t-elle. Mais je sais que ceux qui adorent en Hitler, aux Indes, une incarnation du divin et qui connaissent sa doctrine, voient dans sa weltanschauung raciste l’expression moderne de l’éternelle vérité des « Shastras » éternels. Et c’est bien comme cela que je la présentais dans les centaines de discours et de conférences que j’ai faits à l’époque dans toute l’Inde, mais en particulier au Bengale, au Bihar et en Assam (sur un territoire trois fois plus étendu que la France) pendant des années. Et les gens des basses castes, les masses à peau sombre, non aryennes, l’acceptaient comme les autres, mieux que ceux qui, parmi les autres, avaient été empoisonnés par les théories égalitaristes importées d’Occident parce que la tradition – la religion, leur religion – proclame la supériorité de l’Arya. Le Brahmane sans le sou et sans instruction aucune, est honoré partout. C’est un descendant vrai ou supposé, pur ou en partie métissé – mais quelquefois pur, cela se voit – des conquérants prestigieux qui ont amené avec eux les Veda (dont certains poèmes rapportent les phénomènes célestes tels qu’ils les vivaient dans la vieille patrie arctique, les étoiles allant autour du ciel au lieu de se « lever » et de se « coucher »). Un homme de basse caste – à plus forte raison un intouchable, fût-il riche à milliards ou fût-il très savant – reste un homme de basse caste (ou un intouchable). On lui donne à manger ailleurs que dans la salle réservée aux Brahmanes, selon un « apartheid » logique débarrassé de ses pseudo-justifications bibliques. Un apartheid qui devrait, sous le gouvernement que j’appelle de mes vœux, devenir aussi efficace que celui pratiqué en Afrique du Sud. Entre les mains de quinze millions d’Aryens ou à peu près Aryens serait concentré tout le pouvoir effectif, les Kshatriyas gouvernant, les Brahmanes guidant, inspirant, selon la tradition éternelle. Et cela aurait été, si nous avions gagné la guerre et si quelqu’un avait pu persuader Hitler que les Anglais, bien que frères de race des Allemands, allaient à l’encontre de ses principes dans leur gouvernement de l’Inde et y faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour y amener une évolution à rebours. C’est cela, et pas du tout l’exploitation économique de l’Inde que je leur reproche. A eux et aux Portugais qui ont converti par force ou par ruse la moitié de la population de Goa au catholicisme et donc au métissage, qui ont prêché le métissage (Albuquerque le prêchait dès le début du XVIe siècle). C’est à cause de cela que dès 1937 – dès que l’accord avec l’Angleterre en Europe était devenu impossible, en raison des influences bien connues qui s’exerçaient alors en Angleterre – je me suis jointe délibérément à l’agitation anti-britannique aux Indes (criant avec les autres, plus fort que les autres : « A bas l’Empire britannique ! Qu’il se désagrège »). Ce qui ne manquait pas de sel puisque l’un des ancêtres de ma mère avait été l’un des compagnons de Robert Clive à la bataille de Plassey du 23 juin 1757 ! C’est pour cela que j’ai organisé chez des Hindous des rencontres antiportugaises parce qu’antichrétiennes et que je n’accepterai jamais le point de vue de tant des nôtres sur Goa, « bastion de la civilisation blanche en Inde ». Civilisation blanche ! En fait, le terrain de la politique de métissage la plus éhontée au nom de la religion chrétienne et du Portugal (les métis leur sont, paraît-il, loyaux, les Hindous non)…

Avec les deux paroles magiques, et encore une fois « merci » pour votre admirable « roman » vécu, Les Nostalgiques.

Savitri