par Savitri Devi
Chapitre 2 de Gold in the Furnace
(L’Or dans la fournaise)
Edité par R.G. Fowler
German Translation
« Nulle part dans le monde il n’existe un amour aussi fanatique de millions d’hommes pour un seul. »
—Dr. Otto Dietrich
« Allemagne, réveille-toi ! »
—Dietrich Eckart
Il fut un temps où la personnalité d’Adolf Hitler dominait la conscience européenne ; où sa voix remuait des millions d’hommes ; où il passait, dans les occasions solennelles, acclamé par des millions de gens – l’idole de la nation qu’il avait tirée du gouffre pour l’élever à une grandeur sans égale. Il fut un temps où l’Allemagne était prospère, forte, pleine de confiance ; où ses habitants régénérés, bien nourris, bien vêtus et bien logés étaient heureux de travailler ensemble pour un futur dans lequel ils croyaient ; où ils vivaient, comme ils n’avaient encore jamais vécu avant, sous la ferme et sage direction du Guide qui les aimait comme aucun homme ne l’avait jamais fait.
On a peine à le croire aujourd’hui. Tout cela semble si irréel – comme une histoire merveilleuse venant d’un autre monde. Et pourtant, c’est vrai. Il existait réellement une telle époque, et cela il n’y a pas longtemps. L’enthousiasme collectif était alors aussi général en Allemagne que la peur et l’amertume le sont devenues depuis. Les parades militaires, les manifestations de jeunes et les énormes rassemblements de masse étaient des événements habituels. On regardait les bataillons bruns passer devant sa maison, et on entendait la musique inspirante du Horst Wessel Lied comme une chose naturelle. On voyait des portraits du Führer partout où l’on allait. Et on saluait ses collègues dans les bureaux et les usines, et ses amis dans la rue, dans les trams et les bus, partout, avec le bras droit tendu et avec les deux mots magiques qui exprimaient tout son amour et son respect pour le Guide divin, tous ses espoirs, tous ses rêves, toute sa fierté – toute la joie de ces jours splendides : « Heil Hitler ! ».
L’ambassadeur allemand avait salué le Roi d’Angleterre – également Empereur des Indes à cette époque – avec ces mots triomphants et avec ce geste. L’Angleterre fut étonnée, mais ne dit rien. Elle ne pouvait rien dire, car il n’y avait rien à dire. Il y avait seulement un fait à regarder en face : le fait que Hitler régnait sur quatre-vingt millions de gens qui l’adoraient, et que, dans ces gens, une nouvelle âme naissait rapidement – ou plutôt que la vieille, véritable, éternelle Ame Aryenne se réveillait en eux. « Deutschland, erwache ! » – « Allemagne, réveille-toi ! ». Ces mots du premier poète du national-socialisme n’eurent pas seulement l’honneur de devenir l’un des cris de guerre du Mouvement ; ils ne furent pas seulement écrits sur les étendards des formations du Parti, mais ils avaient résonné dans les cœurs des Allemands comme un signal surnaturel appelant les morts à la vie. Et l’Allemagne s’était en effet réveillée.
Et les habitants de la terre la regardaient – certains, déjà, avec une jalousie et une peur haineuses, beaucoup avec une véritable admiration, certains avec amour, avec la certitude que l’Ordre Nouveau de Hitler était la première étape vers le genre de monde qu’ils avaient toujours voulu. Jours glorieux !
* * * * *
Sans guerre, par la seule pression de cette force que la certitude de ses droits lui avait donnée, l’Allemagne avait maintenant repris à l’intérieur de ses frontières presque tous les gens de son sang. La Sarre, l’Autriche et finalement les Sudètes étaient devenues parties intégrantes du Troisième Reich. Dantzig, et l’impossible « corridor » reliant la Pologne à la mer à travers le territoire allemand, devaient bientôt suivre. Mais alors l’Angleterre déclara la guerre à l’Allemagne. Pourquoi la guerre ? Pour empêcher cette ville allemande, Dantzig, de se dire allemande ? Non. Aux yeux de l’Angleterre, du moins, la ville n’en était pas digne. Pour « protéger la Pologne », alors ? Non, sûrement pas, quel que soit le nombre d’hypocrites qui peuvent le dire, et quel que soit le nombre d’idiots qui peuvent le croire. La Pologne pouvait exister sans l’impossible « corridor ». Et si elle ne le pouvait pas, qui s’en souciait ? Non. La guerre fut menée contre l’Allemagne pour écraser l’Allemagne, pas pour une autre raison. Le Juif invisible et tout-puissant, qui gouvernait – et gouverne encore – l’Angleterre, avait décidé que l’Allemagne serait écrasée, devait être écrasée, parce qu’il la haïssait. Et il la haïssait non parce qu’elle était devenue libre, forte et fière et qu’elle était une « menace » pour la paix de l’Europe (ce qu’elle n’était pas), mais parce qu’elle était l’Allemagne nationale-socialiste, l’Allemagne de Hitler, le héraut du réveil de l’âme aryenne dans le monde entier, et une menace très positive pour la continuation du règne invisible du Juif derrière tous les gouvernements soi-disant « nationaux ».
Mais l’Allemagne ne fut pas facile à écraser. Elle répondit à l’attaque du Juif et de ses alliés par une série de victoires qui remplirent le monde d’étonnement. Sa marche en avant dans toutes les directions semblait irrésistible. Et on put croire, au milieu de 1942, que le Nouvel Ordre Mondial, expansion de l’Ordre Nouveau en Europe, était à portée de main. Des rivages les plus au nord de la Norvège, en face du Pôle, au désert libyen, et de l’Atlantique au Caucase et à la Volga, la parole du Führer était maintenant la loi – pendant que l’efficace et brave allié de l’Allemagne en Extrême-Orient, le Japon, déjà maître du Pacifique, de l’Indonésie et de presque toute la Birmanie, pouvait à tout moment faire traverser la frontière indienne à ses armées et s’emparer de Calcutta. Il n’y avait encore aucun signe de malchance en Russie. Et on s’attendait naturellement à ce que les armées allemandes continuent leur marche triomphante à travers cet immense pays et au-delà ; qu’elles continuent leur marche – la marche séculaire des Aryens vers l’Est et vers le Sud – et rencontrent leurs alliés dans la Delhi impériale.
C’est avec une profonde tristesse qu’on regarde aujourd’hui ce grand rêve perdu : l’éclat du Horst Wessel Lied dans la solitude rocheuse majestueuse du col de Khyber, la réception d’Adolf Hitler – Weltführer – dans l’historique capitale orientale. Ce n’était pas impossible. A un moment cela sembla même – du moins pour l’observateur en Inde – la seule conclusion logique de la Seconde Guerre Mondiale. Le cours des événements n’avait pas encore tourné en faveur des forces de désintégration. Et peu de gens, s’il y en avait – même en Europe, même dans les milieux apparemment bien informés – pouvaient prédire qu’il allait tourner si vite et si complètement. C’étaient encore les grands jours – des jours de confiance, des jours d’espoir ; des jours où, en dépit de l’immensité du combat, on se sentait fort et heureux, partout où l’on pouvait se trouver ; des jours où l’on croyait que toutes les épreuves, toutes les souffrances seraient bientôt oubliées dans la joie et la gloire d’« après la victoire ».
* * * * *
Mais, pour cette même raison, on ne savait pas – on ne pouvait pas savoir – en ces jours qui était un véritable national-socialiste et qui ne l’était pas ; et dans le vaste monde en-dehors du « Parti », on ne savait pas qui était un sincère croyant dans l’idéologie d’Hitler et un véritable ami de l’Allemagne nationale-socialiste, et qui prétendait seulement l’être.
Jusqu’en 1942, toute l’Allemagne semblait être de cœur et d’âme avec le Führer. Toute l’Europe ne l’était manifestement pas – puisqu’il y avait une guerre en cours – mais il apparaissait que, dans les pays occupés aussi, un nombre croissant de gens réalisait que la venue de l’Ordre Nouveau était inévitable et que le mieux qu’ils pouvaient faire était de collaborer avec l’Allemagne victorieuse. En Asie, avec la perception sûre et élémentaire des primitifs ou l’intuition supérieure des âmes hautement évoluées, des millions de gens sentaient fortement l’importance et la valeur que la victoire de Hitler aurait pour le monde entier. Ils sentaient que cela signifierait un monde meilleur de leur point de vue aussi – la fin des dominations détestées depuis longtemps ; la fin du règne de l’argent ; et aussi, dans quelques cas, le triomphe des idées séculaires qu’ils acceptaient par tradition ; le triomphe d’un esprit familier pour eux depuis des millénaires. Et ils la voulaient. Si la guerre s’était terminée en 1942 par la défaite de la Russie communiste et des démocraties occidentales, et par la rencontre des armées de l’Axe de l’Est et de l’Ouest à Delhi, alors non seulement toute l’Allemagne se serait réjouie, comme on peut aisément l’imaginer, mais le monde entier (à l’exception des Juifs et d’une minorité obstinée de démocrates et de marxistes) aurait explosé dans un immense cri de bonheur : « Heil Hitler ! ». Les mots magiques auraient retenti triomphalement de l’Islande à l’Indonésie.
Mais on n’aurait jamais su s’ils venaient vraiment du cœur des hommes ou s’ils étaient seulement un effet de la suggestion de masse. Les faiblards et les hypocrites – les opportunistes – n’auraient jamais « changé d’opinion » ; les traîtres potentiels, en Allemagne même, seraient demeurés loyaux. Les véritables traîtres auraient pris bien soin de garder leurs activités clandestines infructueuses secrètes à jamais. Non, plus d’un de ces scélérats aurait été honoré – et remémoré – comme un membre important de la hiérarchie dirigeante et un organisateur de la victoire – car il y avait de tels scélérats même au sein du Parti Nazi !
Ils commencèrent à se révéler dès que le cours des événements prit clairement une mauvaise direction. Ils cessèrent de prendre tant de peine à cacher leurs troubles actions, à tel point que certains d’entre eux furent découverts. On est seulement étonné par le fait que plus d’entre eux ne furent pas découverts plus tôt. Un traître de première grandeur comme l’amiral Wilhelm Canaris resta insoupçonné à son poste élevé de chef de l’espionnage allemand jusqu’en 1944. Même un œil aussi pénétrant que celui du Dr. Goebbels ne put voir à travers lui. Et s’il n’avait pas participé à cette monstrueuse conspiration contre la vie du Führer en juillet 1944, qui sait si l’homme aurait jamais été découvert ? D’autres le furent seulement après la guerre – après le désastre, lorsqu’il devint payant de dire au monde qu’on était un ennemi du national-socialisme, et de le prouver. Si la guerre avait été gagnée, un individu comme Hjalmar Schacht apparaîtrait encore dans les rassemblements solennels du Parti, portant le brassard à croix gammée à son bras, se tenant aux cotés des véritables nazis comme s’il était l’un d’eux. Maintenant – en 1948 –, il a écrit son livre Abrechnung mit Hitler1 et prouvé qu’il est un homme déloyal – et qu’il le fut, pendant toutes ces années.
Il y avait des milliers de créatures de ce type, dans les jours de gloire. Et il y avait des millions de gens faibles, ni bons ni mauvais, dont la dévotion pour l’Homme qu’ils avaient si souvent frénétiquement acclamé était épidermique et disparut sous les épreuves de la « guerre totale ». Mais il y avait aussi ceux dont la foi était inébranlable, dont le courage moral ne connaissait pas de limites ; dont le national-socialisme était le résultat de la réflexion et de l’expérience, enraciné dans la profondeur de la vie.
Il y avait de l’or, du métal grossier et de la boue parmi les dénommés nationaux-socialistes des jours de gloire. Maintenant que tout est perdu, la boue est passée du coté des démocraties – sa juste place. Le métal grossier existe, mais ne compte plus ; ne prétend plus défendre une idéologie quelconque. Seul reste l’or – et il est plus abondant en Allemagne, aujourd’hui, que le monde l’imagine. On peut aussi le trouver parmi les quelques nationaux-socialistes étrangers – très, très peu nombreux – qui sont demeurés fidèles à Adolf Hitler et à ses idéaux après la défaite de l’Allemagne ; parmi des hommes comme Sven Hedin et une poignée d’autres, moins connus, de diverses nationalités.
1 Hjalmar Schacht, Abrechnung mit Hitler [Réglement de comptes avec Hitler], Berlin, Michaelis 1948.