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II
FAUSSES NATIONS ET VRAI RACISME
“Wir haben schäfstens zu unterscheiden zwischen dem Staat als einem Gefäss und der Rasse als dem Inhalt. Dieses Gefäss hat nur dann einen Sinn, wenn es den Inhalt zu erhalten und zu schützen vermag; im anderen Falle ist es wertlos.”
Adolf Hitler (“Mein Kampf”, édition 1935, p. 434)
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N’oublie pas que ce sont des considérations de race qui distinguent un vrai peuple d’une collectivité d’hommes qui ne mérite pas ce nom.
De telles collectivités peuvent être très différentes les unes des autres. Il y a les Etats dont la population est une masse profondément métissée, où les spécimens d’apparence “pure”, s’il y en a, ont des enfants qui ne leur ressemblent pas ; où les enfants d’un même couple, qui parait pourtant ethniquement homogène, sont de races différentes : l’un négroïde, l’autre Méditerranéen, ou presque, le troisième, marqué de fortes caractéristiques amérindiennes. Ce sont là des Etats, pas des peuples. Il y a, par exemple, un Etat brésilien. Il y a une population (multiraciale, et sans lois de ségrégation) qui habite le Brésil. Il n’y a pas de peuple brésilien, — ni, par conséquent, de “nation” brésilienne. Les “souvenirs communs” et la “volonté commune de vivre ensemble” ne peuvent, quoi. qu’en ait pu penser Ernest Renan, suppléer seuls à une absence quasi totale d’homogénéité raciale.
Il y a, d’autre part, les Etats dont la population se compose de plusieurs peuples juxtaposés, mais non fondus ensemble. C’est le cas des Etats-Unis d’Amérique, de l’Union Sud-africaine, de la Rhodésie, de l’Union soviétique, des Indes. C’est par un abus de language que l’on donne, à la population globale de l’un quelconque de ces Etats, le nom de “peuple” ou de “nation”. Il n’y a, en effet, aucun lien naturel, aucun lien biologique, entre un “citoyen américain” d’origine anglo-saxonne, irlandaise ou méditerranéenne, et un autre “citoyen américain” Nègre ou métisse, ou Juif. Ce qui les rapproche artificiellement, c’est une administration
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commune et un mode de vie que la vulgarisation, des techniques tend à rendre extérieurement semblable. Aryens, Nègres, Juifs, votent ensemble, payent des impôts aux mêmes caisses ; reçoivent, en cas de maladie, les mêmes secours ; écoutent les mêmes émissions, grâce aux mêmes appareils de radio et de télévision, voient les mêmes films cinématographiques, mangent tous les mêmes conserves, boivent tous du coca-cola. De plus, aux U.S.A., comme dans les Etats soi-disant “racistes” de Rhodésie et d’Afrique du Sud, et plus encore, Aryens et Nègres appartiennent aux mêmes Eglises chrétiennes ; sont Méthodistes, Anglicans, Luthériens, Catholiques ou “Témoins de Jéhovah”, selon les cas, mais toujours sans distinction de race. Le royaume du vrai Chrétien n’étant pas de ce monde, les considérations biologiques ne sauraient y avoir de place. Ce qui rapproche ici des populations entières, absolument différentes quant au sang, c’est l’effort accompli par les missions chrétiennes et par l’autorité politique (celle-ci, apparemment aux mains des Aryens, en fait, aux mains des Juifs) pour leur donner, vaille que vaille, une civilisation commune. Il va de soi que l’effort fait pour leur donner un bagage intellectuel commun, — pour les initier tous, dans la mesure du possible, aux mêmes sciences, aux mêmes techniques et à la même “culture”, — s’exerce dans le même sens.
Et cela est vrai des peuples qui composent l’Union Soviétique, comme de ceux qui habitent les U.S.A. ou la Rhodésie (où, comme chacun le sait, il ne s’agit pas, comme dans l’Union Sud-africaine, de “développement séparé des races”, — d’apartheid — mais de développement graduel des Noirs selon les mêmes directives que les Blancs). Cela est vrai, avec la différence qu’en U.R.S.S. c’est la foi marxiste, une et indivisible, et non la multiplicité des sectes chrétiennes du monde anglo-saxon, qui sert, ou tend à servir de ciment entre les peuples, étrangers les uns aux autres par le sang, auxquels une administration semblable et une langue commune (superposée à leurs languages indigènes) ont été imposées.
De toute façon, tant. aux U.S.A. qu’en U.R.S.S., en Argentine, ou même en Rhodésie, ou ailleurs, — où que ce soit où la généralisation plus ou moins rapide d’un bien-être matériel uniforme, combinée à la diffusion d’idées et de valeurs communes, tend à imposer, à des communautés humaines de races différentes, une civilisation commune, il y a, à plus ou moins longue échéance,
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danger de métissage, donc de disparition de toutes les races en présence. Car, alors que chez les vivants privés du mot et partant de la pensée discursive, l’infaillible et toute-puissante voix du sang règle seule les accouplements, elle tend de plus en plus, chez l’homme, à être dominée, étouffée, neutralisée par des considérations fallacieuses concernant la “culture commune”, les “goûts communs”, les “idées communes” et, en général, tout ce qui peut être de première importance en vue du "bonheur” de deux individus, voire de celui de deux familles, mais qui ne compte pas du point de vue de la survie de la race. Il est à noter que les mariages mixtes sont, proportionnellement, beaucoup plus fréquents entre “intellectuels” qu’entre travailleurs manuels de races diférentes.
La voix du sang — le sain instinct de séparation sexuelle d’avec toute personne biologiquement différente de soi — se laisse, toutefois, d’autant moins dominer, que les races en présence sont plus visiblement étrangères les unes aux autres. C’est la raison pour laquelle le métissage entre Aryens et Nègres n’a pas fait (encore), aux Etats-Unis, tous les ravages qu’on aurait pu craindre. C’est, aussi celle qui explique pourquoi l’apartheid est, en fait, pratiquement complète entre Aryens et Noirs, tant en Union Sud-africaine qu’en Rhodésie (où les Noirs sont cependant invités à participer à la civilisation blanche) alors qu’elle l’est beaucoup moins, — même dans ces pays, sans parier des Etats-Unis d’Amérique, et de l’Europe occidentale, — entre Aryens et Juifs, pourvu que ces Juifs soient “blancs”. C’est elle qui explique cette confusion, si souvent désastreuse, entre “Aryen” et “Blanc”.
Il y a donc, dans toute population composée de groupes raciaux encore séparés bien qu’habitant le même sol, un perpétuel conflit entre la tendance générale de l’histoire humaine vers l’uniformité au sein du chaos ethnique, et la réaction que lui oppose l’instinct de conservation de chaque race, — la tendance saine de tout groupe vivant nettement caractérisé, qui se manifeste, elle aussi, chez l’homme. Quel que soit le courant qui, en fin de compte, l’emporte, la population en question ne deviendra jamais un vrai peuple. Si, favorisée par la diffusion d’un mode de vie uniforme ainsi que d’un “savoir” commun, et surtout de soi-distant “valeurs” anti-racistes communes, la gangrène du métissage gagne peu à peu toute la population, c’est, pour celle-ci, la décadence irrémédiable : la fin de toute culture, la fin de toute création
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désintéressée, c’est-à-dire de toute activité autre que celle qui consiste à “produire” toujours davantage, afin d’acquérir de plus en plus de bien-être matériel. Si c’est, au contraire, la saine tendance de chaque race à demeurer séparée des autres, qui l’emporte, la population conservera son hétérogénéité. Elle ne deviendra pas “un peuple”, — encore moins une “nation Elle restera ce qu’elle est, à savoir une juxtaposition de deux ou plusieurs races vivant en harmonie les unes avec les autres dans la mesure même où leur diversité première sera reconnue et acceptée.
Dans une telle société, le “peuple” devant lequel chaque individu doit s’effacer — le peuple qui est “tout”, pour lui, alors qu’il n’est, lui-même, “rien”, — ne peut être autre que son propre groupe racial.
L’Union Sud-africaine, tant décriée par les anti-Hitlériens du monde entier pour son soi-disant “racisme”, n’est pas un Etat multiracial de ce type, ou ne l’est que très incomplètement, malgré son programme officiel de “dévèloppement séparé des races”. Elle ne l’est que très incomplètement parce que, tout comme la Rhodésie qui, elle, se défend d’exalter le racisme, et comme les U. S. A. qui, malgré la résistance continue de leurs ségrégationistes, le combattent, elle confond, ainsi que je le disais plus haut, “Aryen” et “Blanc”. Loin, par exemple, d’éloigner les Juifs des postes-clés du pays et, d’une manière générale, de toute profession dans l’exercice de laquelle ils sont susceptibles d’acquérir une influence politique ou culturelle, elle leur donne, à cause de leur seule couleur, tous les avantages dont jouissent les “Blancs”, avantages qu’elle refuse aux Aryens d’Asie, si illogique que cela soit, et cela, même si, (comme la plupart des Brahmanes et nombre de “Khattris” du Pundjab), ils sont de teint clair. Le métissage entre Aryens et Juifs n’est pas interdit en Union Sud-africaine, dite raciste, — pas plus qu’il ne l’est ailleurs. (Il ne l’a jamais été en aucun pays de population chrétienne, si le Juif — ou la Juive — avait, par le baptême, été reçu dans la communauté religieuse de son partenaire. Il l’était seulement dans le Troisième Reich allemand, un Etat dont la véritable religion était celle du Sang et du Sol, — et, il l’est de nouveau, depuis 1955, . . . dans l’Etat d’Israël, dont le peuple se croit, à l’exclusion de tout autre, “élu de Dieu”.)
Il est vrai que, partout où il y a en présence deux ou plusieurs
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races humaines, dont les ressortissants adhèrent tous on presque tous à une religion centrée, comme l’est le Christianisme. sur “l’homme”, se fait jour, à la longue, une tendance au métissage. Tout vrai racisme implique la négation du dogme de la valeur immense de “l’homme” quel qu’il soit; la négation du caractère “à part” de l’homme, et son intégration au sein de l’ensemble des autres espèces vivantes ; la négation de l’égalité de droit des “âmes” aussi bien que des corps d’hommes.
Il en ressort que, seule est à l’abri du métissage ou — et cela est déjà quelque chose — que seule est capable de le combattre avec assez de vigueur et de persévérance pour en préserver au moinsson élite raciale, une population de plusieurs races unie dans l’acceptation commune d’une doctrine fondée sur la hiérarchie naturelle des races, donc sur leur inégalité, et partant, sur la complète intégration de l’homme, lui-même divers, dans le monde de la Vie, un dans son essence, infiniment varié dans ses, manifestations. Seule peut triompher de cette Force de désintégration, particulièrement active à l’Age Sombre, qu’est l’appel an nivellement par le bas, une population unie dans l’acceptation commune d’une doctrine selon laquelle ni les devoirs ni les droits ne sont les mêmes pour tous les hommes. Telle est — telle a toujours été, au moins depuis les premières invasions aryennes, vieilles de soixante siècles — l’énorme population des Indes orientales.
Je te parlerai maintenant des Indes, afin que tu sois, une fois de plus, fier d’être Aryen.
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Pour comprendre l’histoire des peuples qui habitent cette vaste portion de continent — qui englobe, en fait, outre la “République indienne” actuelle, les deux “Pakistans”1 et l’ile de Ceylan ; une surface, en tout, égale à celle de l’Europe moins la Russie — il faut tu te reportes au temps lointain où les premières tribus aryennes, venues du Nord, dévalaient en vagues successives sur le Pays-des-Sept-Rivières (le Sapta Sindhu des Ecritures
1. Ceci a été écrit., avant que le Bengale oriental n’ait cessé de s’appeler “Pakistan”, pour devenir “Bangladesh”, qui veut simplement dire dire “Bengale”.
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sanscrites) par la fameuse Passe de Khaïber, la Voie des Couquérants.
C’était, selon Bal Gangadhar Tilak, communément appelé Lokamanya1 Tilak ; ce Brahmane du Maharashtra, à la fois érudit et mathématicien, qui l’a démontré par des considérations astronomiques, — avant le quatrième millénaire avant l’ère chrétienne, donc au temps des toute premières dynasties égyptiennes, plusieurs siècles avant la construction des pyramides de Gizeh ; au temps où, en Mésopotamie, la civilisation sumérienne florissait dans ses centres les plus anciens : à Erech, à Nippur, à Eridu, quelque quinze cents ans avant Sargon d’Agade. Et les Aryas — ce qui, en sanscrit, veut dire “ceux qui commandent”, autrement dit, les hommes de la race des seigneurs, — venaient, toujours selon Tilak, du Nord lointain. C’étaient les frères de ceux qui, plus près du berceau commun de la race, devaient un jour s’appeler les Germains, les Hellènes, les Latins, et dont les langues présentaient avec la leur des similitudes profondes. Leurs ancêtres avaient vécu au-delà du Cercle Polaire, à une epoque où les terres de cette région jouissaient encore d’un climat tempéré, — c’est-à-dire avant que l’axe de notre planète ne s’inclinât de plus de vingt-trois degrés. Ils avaient attendu dans l’adoration les retours du Soleil — la victoire du Jour après les longues nuits striées d’aurores boréales — et ils avaient chanté la splendeur du ciel et vénéré les astres (les “brillants” ou “Dêvas”) qui ne se couchaient pas, dans des hymnes d’une poésie plus qu’humaine.
Au cours des siècles qu’ils avaient mis à parcourir, par étapes, l’immense distance qui les séparait de la divine patrie arctique, les Aryas avaient conservé quelques uns de ces hymnes. Leurs bardes en avaient composé d’autres, et devaient bientôt, au cours de la conquête graduelle des terres chaudes, en improviser de nouveaux. Très longtemps transmis de bouche en bouche, 1009 de ces poèmes, — enfin écrits, — sont parvenus jusqu’à nous. L’ensemble en constitue le Rig Véda-le plus ancien texte sacré des Indes, que de pieux Brahmanes psalmodient encore aujourd’hui.
Essaye de te représenter ces antiques guerriers et ces prêtres de notre race, avançant pas à pas, à raison, tout au plus, de quelques kilométres par jour. Au centre de leur cohorte envahis-sante,
1. “Honoré des hommes”.
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qui s’allongeait comme un fleuve, étaient groupés les grands chariots aux roues de bois, dans lesquels étaient entassés les femmes, les enfants, les bagages. Des bœufs les tiraient, d’un pas lent et régulier. De chaque côté venaient les hommes, à pied ou à cheval, tous solidement armés. Les combattants au bras le plus sûr — ceux qui avaient fait leurs preuves, au cours des longues périgrinations — ouvraient et fermaient la marche. Le soir, on s’arrêtait. On pansait les bêtes ; on disposait les chars autour du camp ; et après avoir sacrifié aux Dêvas, on mangeait et on buvait. Les guerriers montaient la garde à tour de rôle autour des chars. Et ceux qui pouvaient disposer de leur temps se groupaient autour des feux, et écoutaient, jusqu’à une heure fort avancée, les récits des anciens de la tribu ou les chants des bardes. Pour la première fois, les syllabes harmonieuses d’une langue aryenne — “indo-européenne” — résonnaient sous le ciel des Indes. Qui aurait alors pu prévoir qu’elles résonneraient, encore soixante siècles plus tard, dans toutes les langues au nord des Monts Vindhyas, jusqu’au Bengale, jusqu’en Assam, jusqu’aux frontières du monde jaune ?
Le matin, après s’être purifié dans l’eau claire de quelque source sinon dans celle de l’Indus lui-même ou d’un de ses affluents et après avoir récité les louanges prescrites à Surya, Lumière victorieuse, Chaleur fécondatrice, Ame et Intelligence du monde, on reprenait la marche prédestinée.
L’Inde d’alors — beaucoup moins peuplée et beaucoup plus belle que celle d’aujourd’hui ; couverte en grande partie d’interminables forêts pleines de nobles félins, de cervidés et d’éléphants, — avait déjà, dans certaines régions, en particulier dans le Sindh et au Punjab, donné naissance à une civilisation brillante, techniquement supérieure à celle des Aryas : la civilisation “de la Vallée de l’Indus”. Celle-ci fut l’œuvre d’une race à peau bistrée, aux cheveux souples et noirs, aux attaches fines ; race intelligente, industrieuse, commerçante, mystique aussi, parfois, et pacifique, des Dravidiens qu’on a, non sans raison, rapprochés des Sumériens1. Ces gens avaient bâti des villes en hauteur, dont quantité de maisons (disent les archéologues) atteignaient
1. H. R. Hall, “Ancient History of the Near East”, Ninth édition, p. 173-174.
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sept ou huit étages. Et ils pratiquaient la production en série d’articles d’usage courant — entre autres, des vases peints — d’une uniformité impressionnante. Ils rendaient un culte aux Déesses Mères et, apparemment, connaissaient déjà les techniques ardues du yoga. Ils n’avaient pas, ou presque pas d’armes, et étaient inférieurs aux Aryas en tout ce qui concernait non seulement la guerre, mais encore l’organisation, la discipline collective, le sens civique. Ils furent, dans l’Inde du temps de la conquète aryenne, qui fut lente, et durant les siècles qui la suivirent, ce que les Minoens et Egéens pré-helléniques furent en Grèce, pendant et après la conquète du pays par les Hellènes : des maîtres, dans certains domaines, mais, malgré tout, des “citoyens de deuxième classe,” soumis à leurs vainqueurs.
Mais ils n’étaient pas les seuls à faire (bien que mollement sans doute) obstacle à l’installation en force des nouveaux-venus. Derrière eux, au fond de toutes les forêts, vivaient dans leurs huttes de feuilles et de branchages, ou dans des abris naturels, les ancêtres immémoriaux des Négroïdes, des Mongoloïdes, et des hommes de type Munda qui forment encore aujourd’hui une partie numériquement importante de la population des Indes : des Veddas de Ceylan, des Khashias, Loushaïs, Mikirs, Miris, Nagas, Koukis etc., de l’Assam, des Santals du Bihar et du Bengale ; des Gunds et des Bhils de l’Inde centrale.
Les Aryas étaient quelques milliers, — peut-être, avec le temps, quelques dizaines de mille — en face de tous ces peuples et tribus hostiles, qu’ils appelaient des Dasyus, ou habitants des bois, ou . . . des Rakshasas, ou démons. Il est possible qu’ils aient trouvé, déjà en vigueur dans le société de Harappa et de Mohenjo-Daro, un système héréditaire de division du travail. Mais ce sont eux qui ont donné à un tel système, s’il existait, une signification raciale, et classé la population des Indes en castes immuables. Ils ne pouvaient faire autrement s’ils voulaient conserver à leur race aryenne ses caractéristiques physiques et morales, autrement dit, s’ils voulaient survivre.
Ils ont sans doute commencé par se mêler librement, sinon aux aborigènes du moins aux Dravidiens, techniquement plus avancés qu’eux . . . jusqu’à ce qu’ils aient saisi, dans toute sa tragique horreur, le danger du métissage. C’est alors que se forma le système des castes : la division de la population des Indes en une minorité d’Aryas “dwijas” ou deux-fois-nés, (car
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ils devaient connaitre cette “seconde naissance” que représente l’initiation spirituelle), et une immense majorité de Soudras, gens à peau sombre, destinés aux travaux serviles. Au plus bas de l’échelle, — hors de toute caste — étaient rejetés les Négroïdes, Négro-mongoloïdes et gens de type Munda : les plus anciens habitants du sol indien. Les “deux-fois-nés” se partageaient le pouvoir. L’autorité spirituelle fut désormais le privilège des Brahmanes ; le pouvoir temporel, celui des Kshattriyas ; et cette puissance que donnait déjà, dans une société beaucoup moins attachée que la:nôtre aux biens matériels, la richesse, née du commerce, l’apanage des Vaishyas.
La connaissance scientifique désintéressée et surtout la connaissance spirituelle était réservée aux Aryas, et bien vite aux seuls Brahmanes et Kshattriyas. Il était impensable qu’on enseignât à un jeune Soudra, même exceptionnellement doué, — et à plus forte raison à un Chandala, au-dessous de toute caste — les vérités suprêmes, ou qu’on lui apprît à réciter, même qu’on récitât devant lui, les plus belles invocations aux Dêvas ou les plus puissantes formules rituelles. Des pénalités effrayantes attendaient ceux qui auraient osé transgresser cette défense, et ceux en faveur de qui, elle aurait été transgressée.
Depuis lors, bien des choses se sont passées, bien des transformations ont bouleversé la société indienne, comme toutes les sociétés. Des unions interdites ont malgré tout eu lieu ; des enfants sont nés, dont les parents n’appartenaient pas à la même caste. Mais au lieu de rejeter ces enfants (avec leurs parents) dans l’ombre extérieure — de les déclarer “intouchables”, eux et leurs descendants, pour toujours, comme cela devait se faire plus tard — on s’est d’abord contenté de traiter chaque produit de croisement comme l’origine d’une nouvelle caste, et de le marier — avec quelqu’autre produit d’un croisement similaire. Il y a, dans les “Lois de Manu”, toute une classification de ces sous-castes dont le nombre, déjà à l’époque de la rédaction du livre, était considérable. Aujourd’hui, les subdivisions de la population hindoue qui méritent le nom de castes, c’est-à-dire celles à l’intérieur de chacune desquelles les gens, se tenant pour égaux en dignité, peuvent s’asseoir aux mêmes repas et aussi s’épouser, ne sont plus “quatre,” comme à l’origine, mais plus de deux mille. On ne distingue plus, physiquement, les membres de deux castes voisines, par exemple, un Kayastha du Bengale (de la
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caste des scribes) d’un Boïdya (de la caste des médecins) ou un Téli (de la caste des marchands d’huile) d’un Tanti, ou tisserand. Mais on distingue encore, et très nettement, un Hindou de très haute caste, Brahmane ou Kshattriya, en d’autres termes un Hindou Indo-européen, d’un Hindou qui ne l’est pas ou même qui l’est moins, et cela, surtout, dans le Nord de la péninsule, la région la plus anciennement aryanisée. On pourrait photographier des spécimens de tous les groupes à la fois raciaux et professionnels des Indes, et les classer. On obtiendrait ainsi une énorme collection de types allant graduellement du Négroïde ou même de l’Australoïde jusqu’à l’Aryen pur — un Aryen souvent plus pur que la majorité de ses frères d’Europe, (au moins d’Europe du Sud). Il y a, peut-être, sur les plus de neuf cents millions d’habitants de l’ensemble de la République indienne, des deux Pakistans et de Ceylan, une vingtaine de millions d’Aryens à peu près purs : au teint clair (parfois très clair), aux yeux bruns ou gris (exceptionnellement bleus ou bleu-verts), aux cheveux allant du noir au châtain roussâtre, aux traits parfaitement indo-européens. C’est peu, dira-t-on. C’est beaucoup si on songe que soixante siècles au moins séparent le jour présent du temps où les premières tribus aryennes débouchaient de la Passe de Khaiber. Et c’est en tout cas suffisant pour qu’aucun Aryen du monde ne puisse, s’il est racialement conscient, désirer “l’unité de l’Inde” par la suppression pure et simple des “tabous” de caste, et le métissage intensif qui en découlerait.
De toute façon, les faits que je viens de rappeler ici, montrent clairement que les Indes ne sont pas plus “un peuple” que ne le sont les Etats-Unis d’Amérique, l’Union Soviétique ou l’Union Sud-africaine.
Mais il y a une différence : alors que dans chacun de ces pays une foi dogmatique commune, dont on encourage la diffusion — et une foi nettement anti-raciste, ou bien concernant l’autre monde et indifférente aux problèmes de race, qu’il s’agisse du Marxisme ou de quelque forme de Christianisme que ce soit — tend, malgré tout, à rapprocher les races ; constitue, en tout cas, un frein permanent à l’instinct de ségrégation, aux Indes, c’est le contraire qui se produit. Là, la tradition religieuse elle-même proclame l’inégalité congénitale des “âmes” aussi bien que des corps, et la hiérarchie naturelle des races, dominée par la
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race aryenne — exactement dans le même esprit que l’Hitlérisme — et encourage ainsi la ségrégation. On a essayé au cours des siècles, soit au nom d’une philosophie négatrice de la Vie, soit au nom de “nécessités pratiques”, de tuer cette tradition raciste. On n’y est pas arrivé. Le Bouddhisme appeilait ses fidèles à la vie monastique, mais avait en pratique pour résultat de mêler les castes sans entraîner l’extinction de l’espèce humaine. Il a fini par être balayé des Indes. Guru Govinda Singh, le fondateur de la secte guerrière des Sikhs, avait voulu prendre ses disciples dans toutes les castes, ne prétendant tenir compte que de la valeur individuelle de chaque homme. Mais ce souci d’efficience combattive, cette exigence de qualités essentiellement aryennes telles que l’esprit de sacrifice, le sens de la responsabilité, l’acceptation joyeuse de la discipline, même très dure, etc. . . ., ont eu pour résultat que ce sont surtout des Hindous de castes aryennes qui sont venus à lui, Il n’y a qu’à regarder les Sikhs pour s’en apercevoir. Aucun Gouvernement de la “République indienne” actuelle ne parviendra à réussir, là où Guru Govinda Singh et, des siècles avant lui, le Bouddha lui-même, ont échoué. Les Indes demeureront le pays des castes par opposition aux “classes” ; le pays des races et sous-races hiérarchisées, où l’Aryen pur (ou supposé tel) sans argent, sans position — le Brahmane mendiant, qui dort sur un banc ou sur le gazon d’une place publique — est honoré, et sera conduit à la meilleure place, parmi ses pairs par le sang, dans un banquet de noces, par exemple, où l’on ne manquera pas de l’inviter. Elles resteront le pays où, par contre, l’homme de race inférieure, — le Soudra et, à plus forte raison l’Intouchable, même millionnaire (et il y a, de nos jours, des Intouchables millionnaires) — continuera à être, au moins dans les milieux orthodoxes, relégué au rang assigné à ceux de même origine que lui ; . . . quelque part hors de la salle du festin, et cela, malgré sa richesse et, ce qui plus est, malgré son savoir, s’il en a, — car richesse et savoir s’acquièrent ; seul le sang est le don des Dieux.
En d’autres termes, les Indes ne seront jamais “une nation”. Elles ne seront jamais non plus — espérons-le du moins — un chaos ethnique sans élite raciale: le système des castes, même avec ses faiblesses actuelles, les préservera d’une telle destinée. Elles demeureront une association de peuples et de races, unis par la seule civilisation commune qui soit en accord avec leur hiérarchie
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naturelle. Car l’Hindouisme est plus qu’une religion au sens où l’on entend aujourd’hui ce mot en Occident. C’est une civilisation ; une civilisation que domine le racisme aryen, rendu acceptable à de nombreuses races non-aryennes, grâce au dogme du karma et de la transmigration des âmes.
Si un jour l’Hitlérisme parvenait à conquérir l’Europe, il me paraît à peu près certain qu’au cours des siècles suivants, la mentalité de l’Européen moyen se rapprocherait de plus en plus de celle de l’Hindou orthodoxe de n’importe quelle caste.
Je te conterai, en illustration de ceci, un épisode de ma vie aux Indes.
C’était pendant l’année glorieuse — 1940 — peu de temps après le début de la campagne de France. J’habitais Calcutta — je n’avais pas, hélas, malgré tous mes efforts, réussi à retourner en Europe à temps. Et j’avais un jeune domestique du nom de Khudiram, un adolescent de quinze ans, Soudra, de, la sous-caste des Maheshyas (communauté de cultivateurs du Bengale occidental), très sombre de peau, aux yeux légèrement bridés, à la figure plate — pas Aryen du tout ! — et parfaitement illettré. Un matin, en rentrant du marché au poisson (où il allait tous les jours acheter de quoi donner à manger aux chats) ce garçon me, dit triomphalement : “Mém Saheb, je vénère votre Führer, et souhaitee de tout mon coeur qu’il gagne la guerre !”
Je restai bouche-bée. “Khudiram”, dis-je, “ne le vénères-tu que parce que tu sais, comme tout le monde, qu’il est victorieux ? Tu ne connais rien de l’histoire de sa vie et de son action”.
“Il se peut,” me répondit l’adolescent, “que je ne sois qu’un ignorant. Mais j’ai fait ce matin, au marché, la connaissance d’un “grand” qui a au moins vingt ans et qui sait lire. Et il m’a dit que votre Führer combat, en Europe, afin d’en extirper la Bible, qu’il veut remplacer par la Bhagawad-Gîta”.
Je demeurai de nouveau bouche-bée. Je pensai, en un clin d’œil : “Le Führer serait bien étonné s’il savait comment on interprête sa doctrine aux Halles de Calcutta !”. Puis, je me remémorai un passage du Chant I de la Bhagawad-Gîta, telle que je la connaissais dans la belle traduction d’Eugène Burnouf : “De la corruption des femmes procède la confusion des castes — donc des races. “De la confusion des castes procède la perte de la mémoire ; de la perte de la mémoire procède la perte de
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l’entendement, et de celle-ci, tous les maux”1. Et je songeai “Qu’a fait Adolf Hitler d’autre, que de répéter ces paroles éternelles, et que d’agir selon leur esprit ?”
Je dis à Khudiram : “Le “grand” dont tu parles avait raison. Redis ce qu’il t’a appris à tous ceux qui voudront t’entendre. Je te donne à cet effet un jour de congé — et une roupie pour payer une tasse de thé à tes amis. Va, et utilise ta liberté pour la bonne Cause !”
Le gamin, tout joyeux, s’apprêtait à quitter la cuisine où avait eu lieu cet entretien. Je ne pus m’empêcher de le retenir un instant, et de lui demander ce qui le portait à vouloir avec tant d’enthousiasme cet “Ordre nouveau” qui, pourtant, ne favorisait guère les gens de sa race. “Sais-tu bien, Khudiram,” lui dis-je, “que de remplacer la Bible par la Bhagawad-Gîta” dans la lointaine Europe et dans tous les pays qui tombent sous son influence, équivaudrait à étendre pratiquement à la terre entière un système de castes parallèle à celui que connaissent les Indes ? Et sais-tu qu’en tant que Soudra tu n’aurais, toi, dans l’“Ordre nouveau” de mon Führer, aucune chance de promotion ? Et l’aimes-tu malgré cela ?”
Je n’oublierai jamais la réponse de l’adolescent, — la réponse des masses non-aryennes des Indes, fidèles à une Tradition raciste qui les dépasse, par la bouche d’un jeune illettré. “Certes, je le sais. Je veux la victoire de votre Führer parce que l’ordre qu’il essaye d’établir partout où il le peut est conforme à l’esprit des Shastras ; parce que c’est l’ordre divin ; l’ordre vrai. Peu importe la place qu’il me donne, à moi ! Moi, je ne suis rien ; je ne compte pas. C’est la Vérité qui compte. Si je suis né dans une caste très humble, c’est que je l’ai mérité. J’ai fauté, et gravement, dans mes vies antérieures. Si, dans cette vie-ci, je demeure fidèle aux règles de ma caste : si je ne mange pas de nourritures interdites ; si j’épouse une fille parmi celles qui me sont permises, et ne désire aucune des autres, je renaîtrai un peu plus haut dans l’échelle des êtres. Et si je persévère, de vie en vie, dans la voie de la pureté, qui sait ? Un jour — dans bien des siècles — peut-être renaîtrai-je Brahmane ? Ou parmi ces nouveaux Aryas d’Europe qui vénèrent, eux aussi, votre Führer ?”
Je songeai aux hommes de ma race qui avaient, autrefois,
1. Bhagawad-Gîta, I, versets 41 et suivants.
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en vagues successives, dévalé la Passe de Khaïber. L’enfant des Tropiques leur rendait hommage après soixante siècles. Et je songeai à mes camarades allemands — mes frères dans la foi hitlérienne, — dont les divisions blindées se suivaient alors, le long des routes de France. L’enfant des Tropiques leur rendait hommage, à eux aussi, parce que leur foi est l’expression moderne de la Tradition aryenne de toujours.
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Tu me diras : “Si les Indes ne sont pas une nation et ne sauraient en devenir une, pourquoi avoir exalté la “nation indienne” dans des écrits qui ont fait, à leur époque, quelque bruit ?1 Pourquoi, en particulier, avoir étalé sur la première page d’un de tes livres, une “phrase aussi fausse que celle-ci : “Faire de tout Hindou un nationaliste indien, et de tout Indien nationaliste, un Hindou” ?2. Je t’expliquerai maintenant cette contradiction apparente.
Pour la comprendre — et la justifier — il te faut te souvenir que le colonialisme britannique aux Indes fut essentiellement différent de celui des premiers Aryas, aussi bien que de celui de leurs lointains successeurs, les Grecs d’après l’invasion d’Alexandre. Les antiques Aryas adoraient les Dêvas mais ne méprisaient pas les Dieux des autres peuples, et leur rendaient même hommage, à l’occasion. Les Grecs adoraient leurs multiples divinités — les douze Olympiens, et une foule d’autres — mais ne dédaignaient pas de sacrifier aux Dieux étrangers, qu’ils identifiaient d’ailleurs avec les leurs, toutes les fois qu’ils le pouvaient. Les uns et les autres étaient fiers de leur race, et tenaient à la conserver pure. Mais aucun d’eux ne croyait que les institutions politiques ou sociales, bonnes pour leur peuple, le fussent non moins pour tous les peuples. Aucun n’était la victime de la superstition de “l’homme”, et du désir acharné du “bonheur” humain, lié à la conception d’un “progrès” universel, linéaire et indéfini. Aussi, tout en exploitant les colonisés selon le droit que leur donnait la conquête, tout en utilisant parfois leurs propres institutions afin de les mieux exploiter, les laissaient-ils tranquilles. Le racisme
1. “Warning to the Hindus” (1938) et “Non-Hindu Indians and indian Unity” (1940).
2. “Warning to the Hindus” (1938).
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aryen, — au fait, tout vrai racisme, est par nature tolérant, si étrange que cela puisse paraître à la plupart de nos contemporains. E n’y a d’intolérants par nature que ceux qu’une douce folie, entretenue par la foi en un certain nombre de fatales contre-vérités, pousse à “aimer tous les hommes (et les hommes seulement) ; il n’y a d’intolérants par nécessité que ceux qui, de toutes parts en butte à ces derniers, se voient forcés de se défendre contre eux par tous les moyens à leur portée.
Les Anglais qui, au dix-huitième et au dix-neuviéme siècles, arrachèrent les Indes, morceau par morceau, à la domination des Grands Moghols (et de quelques princes hindous) étaient, comme les fondateurs des royaumes de Bactres et de Sangala, vingt-deux siècles auparavant, Aryens de race, donc, en général, disposés à la tolérance. Aussi, n’essayèrent-ils pas de changer, de force, les coutumes et croyances des Hindous ou des Musulmans, celles-ci ne s’opposant pas à leur exploitation du pays. Mais ils étaient Chrétiens, ou tout au moins de formation chrétienne, et avaient hérité du Christianisme (ne fût-ce qu’en théorie) l’“amour de tous les hommes” et la croyance, base des Démocraties modernes, que “tous les hommes” ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. En plus de cela, ils avaient gardé de lui cette intolérance foncièrement juive, que le Christianisme a lui-même hérité de ses tout premiers fidèles, élevés dans la foi du “Dieu jaloux”. Aussi, encouragèrent-ils l’action des missionnaires chrétiens aux Indes, et supprimèrent-ils, au cours du temps, certaines coutumes qui les choquaient ; en particulier le sacrifice (en principe volontaire) des veuves sur le bûcher funèbre de leur époux, et surtout, introduisirent-ils peu à peu dans le pays, par l’enseignement de leurs écoles et par une série de réformes politiques, les dogmes de la Démocratie et l’esprit de la Déclaration des Droits de l’Homme.
Le vrai crime de l’Angleterre contre l’Inde n’est pas d’en avoir exploité le sol et les gens à une échelle sans précédent, mais bien d’avoir inculqué, à des milliers d’Hindous de castes supérieures, des principes démocratiques anti-racistes, anti-traditionnels, ainsi qu’un humanitarisme de mauvais aloi, sinon un véritable anthropocentrisme ; et enfin d’avoir introduit, dans l’administration de cette vaste portion de continent, des mesures tendant à favoriser les éléments raciaux les moins précieux de la population. L’une des plus choquantes de ces mesures, objet
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d’une immense et longue agitation, mais finalement appliquée dès avant la guerre de 1939–1945, est connue sous le nom de “communal award”. Elle consistait à faire élire “par communautés religieuses” les membres des assemblées législatives provinciales — véritables parlements indigènes composés (en théorie) des “représentants du peuple” de régions dont la plupart sont aussi étendues que la France ou la Grande Bretagne, et contiennent des millions d’habitants (tous électeurs, naturellement ! Où serait, sinon, la Démocratie ?)
Il fallait, par exemple, que le nombre de députés musulmans soit cinquante-cinq pour cent du nombre total des représentants à l’Assemblée du Bengale, car cinquante-cinq pour cent des habitants de la province étaient alors Musulmans. Il fallait que l’Assemblée législative de l’Assam comptât un nombre de députés chrétiens proportionnel au nombre de Chrétiens — presque tous Aborigènes, convertis par le soin des missionnaires — que comprenait la population totale de l’Assam. Bien plus : il fallait que les Intouchables fussent représentés proportionnellement à leur nombre dans chaque province. D’où l’existence, dans chaque province, de régions (en anglais “constituencies”) desquelles les listes électorales, de quelque parti politique que ce fût, devaient obligatoirement ne comporter que des Chrétiens, ou que des Musulmans, ou que des Intouchables. Les électeurs — c’est-à-dire tous les habitants majeurs quant à l’âge — n’avaient d’autre choix, et cela quel que fût leur propre caste ou religion, que de voter pour l’un de ces candidats ou . . . de déposer dans l’urne un bulletin blanc. C’était un système conçu et élaboré dans le but même d’enlever aux Hindous en général, mais surtout aux Hindous des hautes castes, — donc à l’élite aryenne des Indes — tout pouvoir politique, déjà dans l’administration de plus en plus “indianisée” que les Anglais mettaient eux-mêmes sur pied, avant leur départ, qu’ils sentaient inéluctable. Il était imposé par l’autorité sans appel de la puissance coloniale. On ne pouvait rien y changer. On ne pouvait, du point de vue raciste aryen, que s’efforcer de limiter le mal qui ne pouvait que résulter de son application. Et pour cela, il fallait agir comme si on acceptait le principe absurde du droit de la majorité au pouvoir, indépendemment de sa valeur, simplement parce qu’elle représente le grand nombre, et . . . s’efforcer de rendre les Hindous majoritaires au dépens des autres communautés.
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Il fallait donc travailler à donner aux aborigènes les plus retardés ou les plus dégénérés, — aux demi-sauvages des montagnes de l’Assam — une (fausse) conscience hindoue. Il fallait les amener à se proclamer eux-mêmes “Hindous”, sincèrement, en leur disant que l’Hindouisme est tolérant, mais en oubliant de leur parler du système des castes. Il fallait s’efforcer d’amener (ou plutôt de ramener) le Chrétien et le Musulman indien, (l’un, et l’autre, en général, issus d’Hindous de basse caste convertis à l’une des deux religions étrangères) à l’Hindouisme. Et pour cela, il fallait surmonter la répugnance d’un grand nombre d’Hindous à les accepter, car jamais encore l’Hindouisme n’avait réadmis en son sein quelqu’un qui l’avait quitté, ou qui en avait été rejeté. On pouvait sortir de sa caste . . . et tomber dans l’intouchabilité. On n’y rentrait pas. Or, il fallait, pour que le pouvoir ne revienne pas entièrement à la majorité non-aryenne de la population des Indes, changer cela. Car seul un (faux) nationalisme, — un nationalisme à l’européenne, nécessairement faux dans le cas de toute société multiraciale, — pouvait unir les Hindous, tant bien que mal, (plutôt mal que bien, mais mieux mal que pas du tout !) sous un non moins faux système parlementaire, imposé à eux contre leur tradition et contre la Tradition aryenne, dont leur élite restait jusqu’alors dépositaire.
J’étais alors employée comme conférencière et comme “missionnaire de l’Hindouisme” par la “Hindu Mission”, organisation mi-religieuse mi-politique qui, depuis plus de trente ans déjà, s’efforçait de récupérer à l’Hindouisme tous ceux qui en étaient (ou dont les pères en étaient) sortis, pour quelque raison que ce fût. Pleine d’amertume à l’égard du Christianisme historique à cause du rôle qu’il a joué en Occident, — ardente, admiratrice de l’Empereur Julien et d’Hypatie, non moins que de Wittukind, déjà avant de m’apercevoir que j’étais, en fait, Hitlérienne, — je m’étais un jour présentée au président de la Mission, Swami Satyananda. Je lui avais offert mes services. Il m’avait demandé ce qui m’avait attirée aux Indes, et je lui avais cité, en les traduisant en Bengali, des vers que le poète Leconte de Lisle met dans la bouche d’un héros de l’Inde antique :
“Rama, Daçarathide honoré des Brahmanes,
Toi dont le sang est pur, toi dont le corps est blanc,
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Dit Lakshmana, salut, Dompteur étincelant
De toutes les races profanes ! ”1
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Je lui avais déclaré que j’étais Hitlérienne et Païenne — regrettant toujours la conversion, par la bribe ou par la force, de mon Europe natale à la religion de Paul de Tarse — et que je voulais travailler à empêcher le seul et dernier pays à avoir gardé (en partie au moins) des Dieux aryens — l’Inde — de suivre le mauvais exemple de l’Occident et de tomber, lui aussi, sous l’influence spirituelle des Juifs. Je lui avais dit que je voulais contribuer à faire de l’Inde notre alliée, dans le combat contre les fausses “valeurs”. Il m’avait acceptée, et donné toute liberté d’expression pourvu que, m’avait-il dit, je me place, dans mes discours aux foules, “du point de vue hindou” et que’ je “tienne compte des circonstances particulières du pays”. “Je considère”, avait-t-il ajouté, votre Maitre comme une Incarnation de Viçnou, une expression de la Force divine qui préserve ce qui mérite d’être préservé. Et ses disciples sont à mes yeux nos frères spirituels. Mais vous aurez ici des concessions à faire, au moins tant que les Anglais y seront ; sinon vous ne pourrez concurrencer la propagande des missionnaires chrétiens qui prêchent “l’homme”, indépendemment de la race. Songez-y !
Il m’a bien fallu “y songer” ! Aucun appel s’adressant à une masse, et surtout à une masse multiraciale, n’est possible sans certains compromis. On ne pouvait demander aux Soudras (ou aux Intouchables) convertis à des religions d’égalité, d’en sortir et de réintégrer l’Hindouisme, sans leur donner l’impression qu’ils n’y perdraient rien de leurs “droits” acquis. Et il fallait qu’ils réintégrassent l’Hindouisme, non pour le salut de leur âme, dont nul ne se souciait (et moi-même moins que tout autre) et que, d’ailleurs, l’Hindou le plus orthodoxe croit possible au sein de toute — ou même en dehors de toute — religion, mais . . . pour qu’il puisse y avoir une majorité hindoue à l’Assemblée du Bengale, à l’Assemblée de l’Assam, et à celle du Bihar (les trois provinces que j’avais à parcourir à tour de rôle en y prêchant la solidarité hindoue et le front commun contre les “religions étrangères envahissantes et intolérantes”). Il fallait qu’ils réintégrassent l’Hindouisme de leur plein gré, pour
1. Leconte de Lisle (L’Arc de Çiva ; Poèmes Antiques).
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que l’élite raciale des Indes, hindoue elle aussi, pût rester au pouvoir, là où elle s’y trouvait, et prendre le pouvoir, là où elle ne l’avait pas. Or, ils n’avaient pas, en face du racisme aryen, l’attitude désintéressée de Khudiram, — sinon, ils n’auraient jamais quitté l’Hindouisme. Il ne fallait donc pas leur parler de racisme aryen, mais de “nationalisme indien”. Il fallait se servir du “nationalisme indien” à la fois pour attirer les basses castes et les Aborigènes convertis au Christianisme, et pour inciter les Hindous de haute caste à ne pas les repousser — et se priver par là de leurs voix aux élections législatives, puisqu’élections législatives il y avait, malheureusement, et puisque tous étaient électeurs.
L’administration anglaise, antiraciste en principe (malgré une ségrégation raciale limitée aux rapports mondains, et qui ne s’appliquait d’ailleurs pas aux Juifs) ne faisait aucune différence entre un Brahmane, Indo-européen de sang et de mentalité, et le dernier des Nagas ou des Koukis de l’Assam, surtout si celui-ci représentait à l’Assemblée soit les Chrétiens soit les “shedule castes”, c’est-à-dire les Intouchables, de sa province. Ce n’était pas ma faute, à moi, si elle avait cette attitude, et si elle tendait à “indianiser” le plus qu’elle pouvait et les corps législatifs et les services publics, dans cet esprit-là-qui n’était autre que celui de l’Europe décadente ; de cette Europe qui allait bientôt rejeter la renaissance hitlérienne avec la stupide véhémence que l’on connaît.
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Si nous avions gagné la guerre, l’Inde — qu’elle fût demeurée “britannique”, ce qui est peu probable, malgré le désir du Führer (avant la guerre) de ne pas toucher à l’empire colonial anglais, — ou qu’elle fut devenue indépendante — se serait très vite débarrassée des réformes démocratiques introduites par les Anglais, et serait revenue à sa tradition immémoriale : à la Tradition des Aryas. Elle aurait sans doute été gouvernée, nominalement, par le fameux Subhas Chandra Bose, le collaborateur officiel des Puissances de l’Axe Berlin-Tokyo, connu de tous, et en fait par l’homme qui ‘avait présenté Subhas Chandra Bose aux Japonais, et persuadé ceux-ci, malgré leur hésitation, de l’accepter comme allié. Cet homme, — j’ose l’écrire sans vantardise, mais avec une légitime fierté — n’est autre que celui qui, tout au début de la guerre,
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m’a donné son nom et sa protection : Sri Asit Krishna Mukherji, l’ancien directeur de la revue “New Mercury”, (le seul périodique nettement hitlérien qui parût aux Indes de 1935 à 1937) et l’homme dont Herr von Selsam, Consul général d’Allemagne à Calcutta à cette époque, a écrit, dans une lettre que j’ai lue, “Personne, en Asie, n’a servi le Reich allemand avec autant de zèle et d’efficience que lui.”
J’ai eu l’honneur de connaitre personnellement Subhas Chandra Bose, et cela bien avant de rencontrer Sri A. K. Mukherji.
Bengali de la caste très cultivée des scribes ou Kayasthas, c’était, avant tout, un nationaliste indien, c’est-à-dire un homme qui, dans son ardent désir de voir l’Inde devenir une nation, et dans son incompréhension des raisons profondes, exposées plus haut, pour lesquelles elle n’en peut être une, la considérait et la traitait déjà comme si elle en avait été une. Sri A. K. Mukherji était, et est encore, un Brahmane conscient de ses lointaines attaches nordiques, et un homme de tradition. La philosophie hitlérienne l’attirait parce qu’elle est en accord avec la vérité éternelle, exprimée dans les Ecritures sanscrites. Subhas Chandra Bose combattait la domination anglaise ; Sri A. K. Mukherji, l’application erronée de la démocratie (qui n’a de sens qu’entre égaux) à une immense population multiraciale. Tous deux collaboraient avec le Troisième Reich allemand et avec son allié, le Japon de Tojo, le premier, “par accident”, le second, par principe. Je m’explique. Si, dès 1936, Adolf Hitler avait pu réaliser son rêve d’entente avec l’Angleterre, dont il était prêt à “respecter l’empire colonial”, et si, d’accord avec elle, il s’était tourné d’emblée contre la Russie soviétique, Subhas Chandra Bose (et, avec lui, la grande majorité des nationalistes de l’Inde), aurait été l’allié de la Russie contre l’Angleterre et contre lui. Sa collaboration avec lui avait un caractère purement politique. Il l’a précisé lui-même à Calcutta, dès 1938, dans un discours retentissant auquel j’étais présente, et dans lequel il rapprochait l’alliance de l’Inde avec “les puissances de l’Axe Berlin-Rome-Tokyo”, et en particulier avec l’Allemagne nationale-socialiste, dans le cas d’une seconde guerre mondiale, de celle que Sir Roger Casernent, patriote irlandais, avait essayé de nouer avec l’Allemagne de Guillaume II, contre l’Angleterre, durant la guerre de
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1914–1918. Les ennemis de nos ennemis sont en principe nos amis, quelle que soit la foi qu’ils professent.
Mais dans ce cas-là, Sri A. K. Mukherji aurait été, lui indirectement — l’allié de l’Angleterre. Les amis de nos amis, et, à fortiori de ceux que nous tenons pour nos frères dans la foi, sont nos amis. Sri A. K. Mukherji voulait, certes, l’autonomie des Indes, mais pas n’importe quelle “autonomie”, et pas à n’importe quel prix. Il ne voulait pas d’une Inde “indépendante” dans laquelle dominerait soit l’influence marxiste, soit celle du parlementarisme tel que les Anglais l’avaient prêché : “One man, one vote”, tout mammifère à deux pattes, depuis l’Aryen le plus pur jusqu’au Kouki des montagnes de l’Assam, étant considéré comme “a man” — “un homme”. Mais après une guerre de laquelle l’Allemagne nationale-socialiste, alliée de l’Angleterre contre le Bolshevisme, serait sortie victorieuse, il n’aurait plus été question de “principes humanitaires et démocratiques”, d’égalité des races et autres sornettes, aux Indes ni ailleurs. L’Angleterre elle-même aurait émergé, profondément transformée, d’une guerre heureuse, dans laquelle elle aurait combattu aux côtés de la “Nation-sœur”, dans l’intérêt du monde aryen tout entier (au lieu de combattre, comme elle l’a fait, contre lui.)
Je me suis souvent demandé dans quelle mesure les quelques Anglais qui voulaient sérieusement la collaboration de leur pays avec le Reich allemand — ces Anglais qui furent, presque tous, dès le début de la Seconde guerre mondiale, internés “préventivement” au nom de la Loi 18 B, se rendaient compte de l’ampleur de la transformation que cela aurait entrainée, et des répercussions que cela aurait eues sur l’avenir de leur peuple et du monde. J’en ai bien connu un — Elwyn Wright, physiquement et moralement, un des plus beaux spécimens d’Aryen que j’aie rencontrés, — qui s’en rendait compte, et qui voulait cette collaboration justement à cause de cela. Mais combien y en avait-il comme lui ? Et combien y avait-il d’Hindous des castes aryennes qui, comme Sri A. K. Mukherji, ou comme Pandit Rajwade, de Poona, — cet Aryen des temps védiques, exilé dans l’Inde de notre époque — se rendaient compte de la signification profonde de l’Hitlérisme, et l’accueillaient à cause d’elle ? Bien peu, certes !
Bien peu, mais, toutefois, proportionnellement davantage
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qu’il n’y avait, en Occident, d’Aryens non-allemands qui cri, étaient conscients et qui, pour cette raison, collaboraient avec le Troisième Reich. La grande majorité, la presque totalité des, amis européens de l’Allemagne à l’époque hitlérienne, se plaçaient à un point de vue purement politique ; ne voyaient, dans l’Hitlérisme, rien autre qu’une doctrine politique, capable de fournir une solution adéquate aux problèmes de leurs payse respectifs.
L’une des tragédies de notre temps est que, pris en masse, ce sont les ennemis de l’Hitlérisme, et en, particulier les Juifs, et les Chrétiens intelligents, qui l’ont le mieux compris. Ils le détestaient, sans doute ; mais ils le détestaient justement pour ce qui en fait la grandeur et l’éternité : pour son échelle de valeurs, centrée, non sur “l’homme”, mais sur la vie ; pour sa possibilité de devenir très vite, — une fois associé à des rites — une vraie religion. Ils le détestaient parce qu’ils sentaient, plus ou moins confusément, — et parfois très clairement — que sa victoire signifierait la fin de tout ce que, depuis deux mille ans au moins, (sinon deux mille quatre-cents), le monde occidental a connu’ et aimé ; la négation des valeurs qui l’ont, depuis si longtemps, aidé à vivre.
Il est à noter que l’un au moins des collaborateurs, français les plus brillants — et l’un de ceux qui ont payé de leur vie leur amitié pour l’Allemagne régénérée — Robert Brasillach, a lui-même été conscient du caractère essentiellement “païen”, de la mystique hitlérienne. Il a collaboré avec l’Allemagne malgré cela ; non pas à cause de cela. Et il a à plusieurs reprises, en particulier dans son roman “Les Sept Couleurs”, souligné l’impression de dépaysement, d’étrangeté quelque peu effrayante, qu’il ressentait chez ses voisins d’outre-Rhin, en dépit de toute l’admiration qu’il avait pour leur renaissance à la fois politique et sociale. “C’est”, écrit-il en parlant de l’Allemagne d’Adolf Hitler, “un pays étrange, plus loin de nous que la plus lointaine Inde ou Chine,” — un pays païen.
Et il se demande en 1935, alors que le Reich régénéré est au faîte de sa gloire, si “tout cela va durer”, comme s’il savait que le combat du Führer était un combat “contre le temps” — un combat à contre-courant — et comme s’il en sentait l’inutilité, sur le plan matériel tout au moins. Mais il y a plus. Dans ses “Poèmes de Fresnes” — ses derniers poèmes, écrits quelques
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semaines, voire quelques jours avant qu’il ne tombe sous les balles d’un peloton d’exécution, — il ne s’agit nullement de l’Allemagne vaincue, mais promue malgré tout, par son rôle de champion d’un idéal pan-aryen, au rang de Terre Sainte de l’Occident ; il ne s’agit nullement de foi hitlérienne, mais de la France, ainsi que de la famille et des amis les plus chers du poète, et de sa foi chrétienne. Dans un poème daté du 9 Novembre, il n’y a pas un mot qui rappelle ce que cet anniversaire signifie, dans l’histoire du Mouvement national-socialiste. Et durant son court procès, Robert Brasillach déclarera qu’il a été “d’abord Français”, et ensuite seulement National-socialiste. Il aurait pu dire : “National-socialiste, parce qu’avant tout Français” ; car l’opposition à la démocratie parlementaire, et la lutte contre l’influence juive sur la politique de tous les pays, lui semblaient, appliquées à la France, l’une et l’autre excellentes — et cela, malgré la mystique hitlérienne, à laquelle il n’adhérait pas.
Je n’ai, parmi les collaborateurs français de même que parmi les “18 B’s” anglais, rencontré que très peu de gens sincèrement hitlériens bien que conscients des implications philosophiques de l’Hitlérisme. Je dirai plus : il y avait, même à l’époque de la plus grande gloire du Troisième Reich, bien peu de vrais Hitlériens parmi les millions d’Allemands qui acclamaient le Führer. Un des plus purs que j’aie eu la joie et l’honneur de connaître — l’“Oberregierungs-und Schulrat” Heinrich Blume — me disait en 1953 que le nombre d’Allemands qui s’étaient donnés entièrement au Mouvement sachant pleinement ce qu’ils faisaient, n’a jamais dépassé trois cent mille. On est bien loin des quatre-vingt-dix-huit et demi pour cent des électeurs du Reich, qui avaient porté le Führer au pouvoir ! L’immense majorité de ceux-ci avaient voté pour la reconstruction de l’économie allemande et la régénération du corps social, non pour le retour aux vérités fondamentales de la vie et pour le “combat contre le temps” qu’impliquait l’Hitlérisme, et dont ils ne se rendaient même pas compte.
Bien plus : il y a des Allemands qui — tel Hermann Rauschning, l’auteur du livre “Hitler m’a dit” — se sont retirés du Mouvement dès qu’ils se sont aperçus du caractère païen de la Weltanschauung hitlérienne. Et il est à noter qu’ils ne s’en sont aperçus que lorsqu’ils eurent suffisamment gagné la confiance du Führer pour que celui-ci les admît dans son petit cercle
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d’initiés ou de partiellement initiés. Car il y avait une différence.entre l’enseignement donné au peuple en général, et celui que recevaient les disciples ; une différence, non pas de contenu, mais de clarté. Par exemple, le Point 24 des fameux “Vingt-cinq Points” spécifie que le Parti, tout en proclamant la plus large tolérance religieuse, s’en tient à un “Christianisme positif” — en d’autres termes, à ce qu’il y a de “positif”, c’est-à-dire de vrai, de conforme à la Tradition, dans le Christianisme historique — mais qu’il condamne et combat toute religion ou philosophie “qui choque le sens moral de la race germanique, ou qui est dangereuse à l’Etat”1. Il omet (à dessein sans doute) de rappeler que toute religion qui tourne le dos aux réalités de ce monde, et en particulier aux réalités biologiques, au point de permettre le mariage de gens de races différentes, pourvu qu’ils soient membres de la même “église”, de même que toute religion ou philosophie qui exalte “l’homme”, même déficient, même au dernier degré de la déchéance physique ou morale (ou physique et morale), ne peut être qu’un danger public, dans l’Etat national-socialiste.
Le Führer se défend dans “Mein Kampf” de viser le moins du monde à une réforme religieuse. “Il est criminel écrit-il, de tenter de détruire la foi acceptée par le peuple, “tant qu’il n’existe rien qui puisse la remplacer”2. Il écrit encore que la mission du Mouvement national-socialiste “ne consiste pas en une réforme religieuse, mais en une réorganisation politique du peuple allemand”3. Mais ce qu’il n’écrit pas — ce qu’il ne pouvait écrire dans un livre destiné à la grande masse d’un peuple christianisé depuis le neuvième siècle et se croyant, au moins en grande majorité, chrétien — c’est que tout régime basé, comme l’était le régime national-socialiste, sur la négation de la valeur intrinsèque de tout homme, indépendemment de sa race et de sa valeur individuelle, est forcément l’antithèse d’un ordre social chrétien. Car toute société chrétienne a pour principe le respect de “l’être humain” créé, quel qu’il soit, “à
1. “Wir fordern die Freiheit aller religiösen Bekenntnissen im Staat, solang sie nicht dessen Bestand geführden oder gegen das Sittlichkeits — und Moralgefühl der germanischen Rasse verstofen.”
2. Adolf Hitler, “Mein Kampf” Edition allemande 1935, pages 293-294.
3. Adolf Hitler, Ibid, page 379.
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l’image et à la ressemblance” d’un Dieu transcendant et personnel, essentiellement ami de l’homme. Ce qu’Adolf Hitler ne pouvait pas dire à la grande masse, c’est que tout régime politique fondé sur une doctrine centrée, elle, sur la Vie et ses lois éternelles, a nécessairement une signification plus-que-politique. De la voix de la grande masse, dépendait en effet son propre succès, car il ne faut pas oublier qu’il a pris le pouvoir “légalement”, c’est-à-dire “démocratiquement”.
Cette signification plus-que-politique de l’Hitlérisme, seuls en Allemagne la saisissaient pleinement le Führer lui-même et l’élite nationale-socialiste : les initiés de la Thüle Gesellschaft ; les maîtres et les meilleurs élèves des Ordensburgen, où se formaient les membres de la S. S. La masse du peuple ne la sentait pas, et aurait été bien étonnée, si quelqu’un la lui avait montrée, avec toutes ses implications ; si, par exemple, quelqu’un lui avait fait comprendre que le Christianisme et l’Hitlérisme sont deux voies différentes et incompatibles, ouvertes sur l’éternel, et que la même personne ne peut suivre l’une et l’autre, mais doit choisir. Hors d’Allemagne — et hors de l’Inde, de tradition aryenne — une élite pensante aimait ou craignait ou haïssait l’Hitlérisme à cause de sa vraie nature. L’élite juive le maudissait pour des raisons autrement profondes que la sourde hostilité séculaire qui opposait Israël au monde germanique. L’énorme masse des hommes de tous les pays, — indifférente à “la politique,” — le redoutait sans savoir au juste pourquoi, en réalité parce qu’elle sentait vaguement en lui la négation de tout anthropocentrisme; la “Sagesse de l’Espace étoilé” (comme je l’ai moi-même appelé) par opposition à “l’amour de l’homme” et au souci de son bonheur, dans ce monde ou dans un autre.
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